25 décembre 2007

L'espoir

Noël est souvent associé à l’espoir. Pourtant, l’espoir est loin d’être souhaitable.

Rappelez-vous l’histoire de la boite de Pandore. Pandore, succombant à la curiosité ouvrit une Jarre contenant tous les maux de l’humanité. Au fond de cette boite se trouvait aussi l’espoir. On peut donc affirmer que l’espoir fait parti des maux de l’humanité.

Ce qui est le plus difficile à faire lors d’une perte, ce n’est pas le deuil de ce qu’on a vécu, c’est le deuil de ce qui aurait pu être, le deuil de tous ce qu’on a rêvé. L’espoir, loin d’apaiser la douleur, vient l’amplifier.

C’est rempli d’espoir qu’on reste accrochée à une ancienne relation.

C’est l’espoir qui nous maintient dans une situation difficile.

C’est l’espoir d’une famille unie qui nous rend triste à Noël

C’est l’espoir que Charmant revienne qui fait qu’on n’arrive pas à s’ouvrir au nouveau prétendant.

C’est l’espoir d’un bonheur possible avec le nouveau prétendant qui fait qu’on est blessée à la lecture de ses récits de voyages.

L’espoir vient nous placer dans l’attente que quelque chose de bien survienne, qu’une vie meilleure s’offre à nous. En nous éloignant de la raison, l’espoir nous pousse à poser des gestes tous plus fous les uns que les autres dans le but d’approcher notre idéal. Ces espoirs sont bien souvent déçus.

Il est beaucoup plus prudent de profiter des bonheurs que la vie nous offre quand ils se présentent, sans espérer que l’impossible ne survienne. Le bonheur est ainsi fait de la somme de bons moments et les déceptions se font plus rares.

18 décembre 2007

Aperçu

Il n'aura fallu qu'un simple aperçu pour que s’écroulent les promesses d'amour naissant, pour que la tempête se remette à souffler sur mon coeur, pour que les larmes s'installent dans mes yeux. Je n'aurai réussi qu'à me rendre invisible, qu’à faire taire les supplications et les mots d'amour. J'aurai échoué à te faire voir au fond de mes yeux la profondeur de mon amour, à te laisser goûter les mots que mon coeur a placés pour toi dans ma bouche. Je n'ai été qu'incapable de te laisser palper les vibrations de mon désir, ma tristesse infinie de te laisser être loin de moi.

17 décembre 2007

Éloge de la clarté

À ma plus grande fan, mon volcan préféré…

En ces veilles de Noël faisons un vœux : que la lumière soit !

Il est malheureusement dans nos traditions de laisser le flou s’installer, comme si on était plus à l’aise dans le brouillard, comme si ne pas affronter la réalité nous rendait plus confortable. Au contraire, il est beaucoup plus simple de gérer ses attentes et de prendre des décisions quand les choses sont claires.

Prenez un exemple au hasard… disons...les relations amoureuses !

Au lieu de simplement exprimer à l’autre qu’on n’a pas envie de le voir, qu’on préfère faire autre chose de ce temps qui est devant nous, on laisse vaguement sous-entendre qu’on pense qu’on est occupé. On s’évertu à détourner la vérité pour éviter d’assumer ce qu’on est, pour ne pas blesser l’autre, pour se garder des portes de sorties. Pourquoi alors ne pas être clair : « je ne sais pas ce que je veux, tu m’attires, j’ai envie d’en profiter ». Voilà qui est honnête et qui permet de respecter véritablement l’autre. Ainsi au premier accrochage les bases sont claires et ça évite de se sentir coupable.

Même chose dans le cas inverse, au lieu de se situer dans l’attente, postée à côté de l’autre avec des grands yeux remplis d’amour et de désir, pourquoi ne pas simplement dire : « tu me plais, j’ai envie d’explorer où notre histoire peut nous mener » Pourquoi ne pas faire comme si on était des adultes. Idem lors d’une rencontre fortuite avec Charmant le disparu, au lieu de lancer avec désinvolture un traditionnel « ça va? » pourquoi ne pas risquer un délicat « tu me manques.»

Bien sûr, la peur d’être jugée continue de nous hanter comme à l’époque de la cour d’école Pourtant tout ce qu’on est a le droit d’exister et la meilleur façon de lui donner une existence c’est de mettre des mots dessus. Comme le disais si bien Wittgenstein : « les limites de mon langage sont les limites de mon monde ».

Soyons clairs, être clair ne protège de rien, ni de la peine ni des situations désagréable où le malaise s’installe. Mais au moins, on aura l’impression de vivre la même histoire que l’autre.

9 décembre 2007

Les grenouilles

Si vous demandez à ma princesse de 3 ans qu’est-ce qui se passe quand une princesse embrasse une grenouille, elle vous répondra que la princesse se change en grenouille. C’est son papa roi qui lui a appris cette version de l’histoire. À bien y penser, c’est une excellente façon de voir les choses. On a beau se faire croire que nos baisers et notre amour infini transformeront n’importe quelle grenouille en prince charmant, il y a fort à parier qu’il y a plus de chance que vous vous perdiez en cours de route et que dans un ultime effort pour réussir le couple parfait vous vous transformiez en grenouille.

D’abord, on ne peut pas transformer l’autre, on ne fera pas d’un adepte de la perfection, un gars Zen que rien n’atteint, peu importe le degré de plaisir que vous atteignez dans le chaos de la chambre à coucher. Bien sûr, des transformations minimes sont possibles et même nécessaires quand on aime vraiment : faire plus de ménage, s’épiler plus souvent, mettre plus de robes, aller voir un film d’action au cinéma etc . Par contre, personne de devient drastiquement quelqu’un d’autre par amour.

On ne peut pas non plus être le gourou de l’être convoité. Accepter de voir Charmant à l’occasion parce que votre contact le fait grandir et comprendre que ses visites s’espacent parce que vous êtes confrontante et/ou intimidante n’est pas une situation souhaitable. Encore moins, si vous attendez la grande transformation qui fera enfin de lui l’époux idéal.

Si on accepte ces postulats de base, il est impératif de se tenir loin des grenouilles, des mecs chez qui on décèle un « potentiel que personne n’a jamais vu ». Il est fort probable qu’il ne sache pas qu’il a ce potentiel et qu’il ne soit pas intéressé à l’investir. Il est préférable de se tourner vers des hommes rencontrés au rayon tel quel ou du moins ne jamais oublier qu’en essayant de faire perdre à un prince sa peau de grenouille on risque d’y laisser la nôtre!

2 décembre 2007

Éloge de l'impatience

Les conventions sociales pourraient nous faire croire le contraire mais l’impatience n’est pas un défaut. Au contraire, il s’agit d’un trait de caractère fort bénéfique dans plusieurs situations. Remarquez bien autour de vous, une personne impatiente est souvent une personne qui effectue des changements rapidement dans sa vie, qui avance sans cesse convaincue qu’il y a toujours quelque chose de mieux qui l’attend quelque part. Quelqu’un qui n’a pas besoin de 12 études de faisabilité et de l’avis de 8 experts avant de retourner aux études ou de changer de boulot. Bref, quelqu’un qui saisit(ou même provoque) les occasions d’améliorer sa vie.

L’impatience permet d’avancer plus rapidement des dossiers au bureau en bousculant un peu l’ordre établi, au lieu d’attendre le moment propice. Cette impétuosité permet de s’inscrire immédiatement à des cours de piano, de chant, de swing etc sans attendre la retraite. Les gens impatients font probablement plus de chose de leur vie que les gens patients

Ce bouillonnement permet aussi de se sortir plus rapidement d’une relation poison, il évite d’attendre une éternité que les choses changent, que l’autre moitié se décide à nous aimer. L’impatience permet de mettre fin à une histoire déchirante du jour au lendemain, à la minute (ou presque) où on en a assez.

C’est aussi ce qui permet à un coeur meurtris d’envisager rapidement une nouvelle relation, d’accepter un rendez-vous galant peu après une déchirure. C’est ce qui fait que dans une nouvelle relation on attend pas des années avant d’exprimer ce qui se passe dans notre cœur et ce qu’on souhaite au quotidien.

Bien sûr avec l’impatience vient le défi d’être attentif au rythme de ceux qui nous entourent afin de moduler notre rythme au leur. Certains, loin d’être impatients peuvent même se complaire dans la lenteur et l’immobilisme. Il faut alors reconnaître les avantages de notre hâte tout en cherchant une vitesse de croisière qui sera satisfaisante pour tous.

En vieillissant, on devient généralement plus patient, on se résigne. Liée à nos peurs et nos blessures cette néo-patience n’est pas nécessairement une amélioration. Sous prétexte de tendre à la patience, on laisse nos peurs nous envahir et prendre tout l’espace. On se soumet aux conventions sociales en réfrénant notre intensité, en enfouissant au fond de notre être les gestes fous qu’on aurait envie de poser. On y perd l’émerveillement, l’excitation, les papillons. Dommage !

26 novembre 2007

Top 10 des ( mauvaises) façons de rompre

10.Mon ex et moi on veut se laisser une chance
9. Tu es trop grano
8. Tu m’intimides
7. Tu es trop petit
6. Je pars au Japon dans deux ans
5. C’est pas un bon timing
4. Tu es trop intelligente
3. Tu es trop fine
2. Je ne le sens pas
1. Désolé! Non merci.

18 novembre 2007

Propreté

Avec les avancés de la science, on peut maintenant prendre une pilule pour arrêter les menstruations. C’est une excellente chose. Les menstruations c’est pas pratique : c'est salissant, ça donne mal au ventre, ça crée des sautes d'humeur qui nous font passer pour des folles et en plus ça nous rend indisponible sexuellement une semaine par mois. Plus on y pense, plus cette pilule là est une bonne nouvelle.

Tellement, qu’on devrait mettre au point l'équivalent pour les hommes. Ça pourrait être un inhibiteur de testostérone. C’est très problématique la testostérone : ça crée des pics de désir qui peuvent causer des conflits dans le couple, ça rend agressif, ça empêche les gars de réussir à l'école et ça cause des guerres dans le monde.

Plus simple que ça, on pourrait simplement couper les couilles des garçons vers 14-15 ans, avant qu’ils deviennent des agresseurs en puissance. Ils pourraient congeler une quantité suffisante de sperme pour leur assurer une progéniture nombreuse, puis procéder à l'ablation des testicules. Du coup on règlerait le problème de la contraception. Ça serait merveilleux! Tout le monde égale, pas de up pas de down, pas de coup de gueule, bref plus de passion ! On pourrait enfin se consacrer à une sexualité exclusivement récréative.

En plus, avec la technologie, l’orgasme par ordinateur est à nos portes. Ça nous éviterait d’avoir des contacts avec les sécrétions, les odeurs et le poil de notre partenaire. Il me semble que ça serait moins salissant.

14 novembre 2007

La rupture (prise 2)

Aussi, il est tentant de rester dans la douleur et la tristesse, comme si se rétablir anéantissait l’amour qu’on a éprouvé pour l’autre, comme si reprendre le fil de sa vie diminuait l’intensité de nos sentiments pour cette personne, comme si la profondeur de la déchirure gardait cet amour vivant. Pourtant, peu importe le temps de rétablissement, peu importe le nombre de litres de larmes versées, personne ne pourra enlever la marque que cet amour aura laissée dans notre cœur.

Nous sommes maintenant prêts à entamer une étape cruciale du rétablissement : la décontamination des souvenirs. Il s’agit de se réapproprier les lieux, les sons, les odeurs qui sont associés à l’ancienne douce moitié. Il ne s’agit pas d’oublier qu’ils ont été associés à une voluptueuse passion mais de rétablir un espace où ils pourront accueillir d’autres souvenirs, d’autres histoires, d’autres rêves.

11 novembre 2007

La rupture

Ce qui est difficile lors d’une rupture, mis à part survivre, c’est de garder un souvenir réaliste de cette relation. S’il peut être tentant de se remémorer uniquement les points négatifs, afin de survivre, inévitablement les points positifs nous rattraperons un jour et nous serons probablement tiraillées par l’envie de faire un retour. En effet, comment résister à l’envie de rappeler Charmant lorsqu’on se remémore ses mains pressant les nôtres, sa bouche moulée à la nôtre, les caresses affolantes, la connexion parfaite des corps, ces moments où la réalité n’existait plus, les fois où il a ouvert son coeur, les fois où malgré l’éloignement les âmes se sont fusionnées, les moments où vous avez entrevu une vie commune.

La solution réside probablement dans un réalisme bien dosé qui consiste à se rappeler pourquoi on est partie et à s’injecter les bons souvenirs à dose homéopathique afin de ne pas les oublier, afin de se faire du bien, mais surtout pour éviter qu’ils nous éclatent en plein visage à un moment où on ne s’y attend pas et où on est vulnérable.

La séparation est un processus qui implique des allers et des retours. Il faut être indulgent envers soi et ne pas oublier que l’amour n’est pas rationnel, qu’il est plus grand que nous, qu’il s’agit d’une émotion, d’un point au cœur, d’un implant dans la peau, qu’il peut nous connecter à l’univers mais aussi nous précipiter en enfer le temps de dire Charmant.

Lors d’une rupture, les incohérences sont permises. Elles peuvent nous aider à se détacher. Il est extrêmement difficile de s’éloigner d’un être qui s’est implanté dans notre peau même s’il est poison pour nous. On a le droit de faire tout ce qu’on veut : le supplier de revenir et le repousser la seconde suivante. On a le droit de hurler que plus jamais on ne lui adressera la parole puis flotter de bonheur les jours suivant une extatique rechute.

Un des aspects les plus douloureux de la rupture est d’accepter qu’on ne sera jamais la personne qu’on voyait dans les yeux de l’autre, la personne qu’on aurait pu devenir à son contact ; de ne pas laisser l’impression qu’on n’était pas à la hauteur s’installer. Il faut maintenant accepter qu’on sera une autre personne, qu’on vivra une autre histoire et qu’on verra un jour, dans les yeux d’un autre un reflet de nous qui nous donnera envie de lier notre histoire à la sienne…

4 novembre 2007

Ami :

quelqu’un sur qui on peut compter, à qui on peut livrer nos état d’âmes et les secrets de notre cœur, qui est disponible en tout temps ( surtout à 3h du matin) pour les crises existentielles et les peines d’amour. Un être qui n’a pas peur de s’appuyer sur nous quand il en ressent le besoin. Une personne avec qui on partage des intérêts et avec qui on a du plaisir. Généralement les éclats de rire sont inclus au forfait. Refaire le monde est souvent au programme.

Bien qu’on ait pu observer par le passé que les histoires d’amis qui succombaient aux plaisirs de la chair finissaient généralement mal, on oublie trop souvent les amants qui s’imaginent pouvoir aussi être des amis, mais avec options à la carte. Les relations d’amants sont déjà assez nébuleuses, est-ce possible de laisser le titre d’ami tranquille? C’est simple, l’amitié implique la confiance, la transparence, la présence, la réciprocité, le plaisir. Si ces critères ne sont pas réunis, ce n’est pas un ami.

3 novembre 2007

Les dangers de la cuillère

Après la brosse à dent, un autre objet du quotidien est souvent sous-estimé : La cuillère.

C’est exactement la même chose lorsqu'on se laisse prendre par un petit shooter de téquila . Pourquoi pas, se dit-on, puisque le rituel est exaltant : on lèche langoureusement la main saupoudrée de sel, on avale le liquide en renversant la tête vers l’arrière et on croque dans le citron en toussotant et en riant avec les copines. Rien de mal, que du bon? Détrompez-vous. Qu’elle envie irrépressible vous habite dès le moment où vous avez retrouvé l’usage de la parole ? Un autre shooter. Et voilà! Après un nombre que vous n’arrivez plus à calculer, vous vous réveillez le cœur au bord des lèvres, le cerveau dans le cirage et le vague à l’âme.

C’est exactement la même chose qui vous guette pour la cuillère. Après une extatique rencontre sexuelle vous vous surprenez à penser que ça pourrait être un beau complément. C’est un rituel exaltant, quelques minutes d’éternité avant la grande séparation. Et voilà ! Une fois votre corps incrusté dans celui de l’autre, ces quelques minutes se transforment en plusieurs et comble de malheur vous vous endormirez peut-être. Vous vous réveillez alors le cœur au bord des lèvres, le cerveau dans le cirage et le vague à l’âme

Il suffit d’une seule petite fois, d’un court instant où l’on baisse la garde et où on accepte pour que tout soit foutu. Pas même besoin d’y passer la nuit. Un court moment de sieste suffit et peut être fatal. La cuillère nous vole toute notre force. On devient vulnérable, douce, tendre, émotive, on se surprend à souhaiter la vie à deux, les nuits à deux, à imaginer l’autre déposer sa brosse à dent dans notre salle de bain. On chantonne en pensant aux doux moments partagés. On se rappelle à peine de la baise qui avait précédé. Bref l’essentiel est évacué par un moment de faiblesse. À la pleine lune suivante, on se surprend à souhaiter un week-end au lit, en cuillère. On se met à prendre milles fois par heures nos messages, à cuisiner des petits plats pour Charmant en souhaitant qu’un jour il les déguste à la même table que nous tous les soirs, que chaque journée se termine par ce moment de cuillère. On commence à penser que ces moments enlacés nous protègent de la cruauté de la vie quotidienne. On oublie qu’on a besoin de personne dans notre vie, qu’on est capable de sortir ses vidanges toute seule. On perd sa force, son indépendance, son jugement. Du coup, un moment en cuillère n’a plus de prix on est même prête à laisser tomber son orgueil et à demander à l’autre d’accueillir nos émotions, nos moments de vulnérabilité.

Ne vous laissez pas tenter. Après une baise, on se rhabille et on raccompagne l’autre à la porte. Si on ne peut résister, il est toujours possible de prendre un moment avec l’autre question d’être polie, mais jamais la cuillère. Vous blottir contre un corps après que vous ayez ouvert tout votre être durant la relation sexuelle c’est du suicide. Prenez ce qui est bon, savourez l’explosion de plaisir et sauvez-vous.

Sauvez ce qu’il reste de votre cœur pendant qu’il en est encore temps!

28 octobre 2007

Interdépendance

Grand dictionnaire de terminologie, Office de la langue française du Québec :
Phénomène consistant en un état de subordination réciproque dans lequel des personnes ou des groupes se sentent solidaires les uns des autres par le seul fait de leur situation personnelle, sociale, économique, etc., et qui les incite à se soutenir mutuellement dans la recherche et la poursuite de leurs objectifs.
Claude Paquette :Reconnaissance que chaque personne est en interaction avec des proches qu’elle ne peut ignorer. La personne autonome est donc celle qui est aussi capable de gérer ses interdépendances. Dans un contexte d’interaction, l’autonomie comporte aussi une part d’autolimitation librement consentie.

Il est essentiel dans la vie d’être autonome, mais l’indépendance n’est pas nécessaire à tout prix. C’est faire preuve de sagesse que de s’avouer que l’on a besoin des autres et que les autres ont besoin de nous. Il est sain de savoir qu’à l’occasion on peut se déposer la tête pour mieux repartir.

C’est faire preuve de maturité que de laisser notre ego s’effacer pour faire place à une autre entité. C’est devenir un adulte que de laisser entrer quelqu’un dans sa vie au quotidien, d’offrir sa vulnérabilité à un être qu’on aime, pour qu’enfin on ne soit plus seule à en prendre soin.

25 octobre 2007

Concerto pour piano

Premier mouvement:
Comme à l’habitude, à son arrivée, ils s’installent au piano. C’est la façon qu’ils ont trouvés pour créer le premier contact. Jouer et chanter lui permettent à la fois de s’enraciner et de toucher son cœur. Il apprécie de la sentir emplie de cette force qui la traverse, de sentir la force de cette voix qui émerge de ce corps si fragile. Observer la mouvance de son corps fait monter le désir en lui. Elle aime qu’il l’observe, elle aime sentir son épaule sur la sienne, elle aime sentir cette proximité tendre, elle aime ouvrir son cœur via la musique. Elle aime savoir que plus tard, il la prendra.

Deuxième mouvement:
À son arrivée, sans un mot, ils s’installent au piano. Puis sa voix s’élève et comble le silence. C’est ce qui s’est imposé pour créer le premier contact, pour amenuiser graduellement la distance. Chanter pour cet homme lui permet de s’enraciner et de toucher son cœur. La puissance de cette voix qui émerge de cette femme si fragile le rend béat d’admiration. Observer la mouvance de son corps fait monter le désir en lui. Elle aime sentir son regard posé sur elle et le désir l’envahir. La vibration de son épaule contre la sienne la bouleverse. Elle aime cette proximité tendre qui l’autorise à lui ouvrir son cœur grâce à la musique. Elle sait que plus tard lorsqu’il la prendra elle refermera son cœur afin de goûter aux délices que son corps a à offrir. Elle sait que plus tard, après son départ, c’est au piano qu’elle confiera sa tristesse.

21 octobre 2007

La sorcière

À l’approche de la pleine lune, voici une révélation choc : Je suis une sorcière. Et je suis loin d’être la seule. Au fond de chaque femme se cache une sorcière prête à être libérée.

Il n’y a pas si longtemps, on brûlait les sorcières. On reconnaissait une sorcière au pouvoir qu’elle avait sur sa vie. Il s’agissait de femmes qui connaissaient les mécanismes subtils du corps féminin, qui le soignaient à l’aide de plante et qui savaient l’accompagner lors des accouchements. On les soupçonnait aussi de pratiquer des sortilèges, des rituels et de vivre au rythme de la lune. Elles semblaient sentir les choses et être connectées à l’univers. Comble de l’insulte pour l’époque, elles assumaient leur sexualité et la considéraient comme une force vitale.

De nos jours, plusieurs femmes se reconnaissent dans cette définition. Malheureusement, nous avons perdu ces racines. Nous n’avons conservé que la peur du bûcher, la peur d’être une mauvaise fille.

La prochaine pleine lune est l’occasion rêvée de contacter la sorcière en vous. De reconnaître cette grande force qui dort en vous et qui ne demande qu’à être retrouvée. Laissez monter en vous cette force, faites confiance à vos intuitions, observez ce qui se passe autour de vous, notez les synchronicités. Laissez de la place à ce que vous sentez, à ce que vous ressentez.

Surtout, assumez la grande force sexuelle qui vous habite. Assumez vos pulsions, laissez de côté la peur d’être une mauvaise fille. Ne reculez devant aucune manigance, aucun plan diabolique qui vous permettra d’arriver à vos fins et d’envoûter l’objet de vos désirs. Suivez la force d’Éros qui vous pousse à vivre des aventures qui peuvent vous paraître étranges à prime abord. C’est la force du corps, la force de l’attraction sexuelle, la force de la connexion, ou simplement l’attirance qui vous guide. Peu importe le nombre de partenaires, la distance entre les rencontres, les lieux ou les moments de vos pulsions, les positions qui vous font envie, peu importe que vous ne puissiez vous imaginer raconter vos expériences à qui que ce soit, assumez cette force qui est en vous. Si vous le sentez et que vous en avez envie, pour une fois laissez votre tête de côté et permettez à votre corps de décider.

Personne n’a à vous juger et en 2007, personne ne vous mènera au bûcher.

15 octobre 2007

La peur de la brosse à dents

Horreur! Une brosse à dents traîne à côté de votre lavabo et ce n’est pas la vôtre. Quelqu’un a laissé sa brosse à dent chez vous. Vous vous mettez alors à paniquer. C’est bien connu, on ne laisse pas sa brosse à dent comme ça innocemment. Ce geste qui peut sembler anodin est en fait un moment crucial de votre relation. Une provocation de la part de l’autre parti, une obligation à envisager le pire : l’engagement.

La brosse à dent est le premier symbole de l’engagement. C’est le signe qu’on ne fait plus semblant qu’on ne sait pas si on va se revoir, qu’on assume notre envie de se revoir et de laisser l’autre partager un bout de notre quotidien.

Mais qu’est-ce qui nous fait si peur ?

Selon le dictionnaire La Belle, l’engagement c’est décider de mettre de l’énergie dans une relation afin de voir où elle peut nous mener. C’est avoir envie que cette relation nous mène quelque part. On peut bien sûr, s’engager avec quelqu’un, prendre la peine de se dire, les yeux dans les yeux, qu’on a envie de faire un bout de chemin ensemble. On peut aussi choisir de s’engager dans une relation unilatéralement, choisir de s’investir dans une relation à laquelle on croit malgré l’incertitude des intentions de l’autre.

S’engager c’est assumer face au monde qu’à nos yeux une personne en particulier nous donne envie d’élaborer un projet de vie. C’est rêver ensemble que ça pourrait durer toujours, malgré les statistiques actuelles de séparation. C’est choisir que vivre une relation qui nous rend malheureux n’est pas acceptable mais que la solution n’est pas la rupture. C’est décider qu’on est capable de trouver ensemble des solutions, de créer un espace qui nous permettra d’être heureux ensemble et qui nous permettra aussi d’évoluer dans nos sphères de vie respectives. C’est viser l’équilibre entre la passion et le quotidien.

Alors pourquoi est-ce que les brosses à dents me terrorisent toujours autant?

Parce que consentir à ce qu’un être dépose sa brosse à dents contre la sienne demande aussi d’ouvrir son cœur. C’est tolérer un témoin lors de nos moments de faiblesse, de vulnérabilité, d’humanité. C’est accepter de pleurer devant celui à qui on veut plaire, accepter de se faire consoler. C’est avoir sans cesse peur de l’inévitable transformation, peur de perdre ses contours, peur de se fondre dans l’autre au point de ne plus être soi.

C’est aussi laisser l’imperfection entrer dans notre histoire d’amour et permettre au chaos de s’installer dans notre quotidien, pour le meilleur et pour le pire…

7 octobre 2007

Intimité

Tout se passe comme si on avait plusieurs cerceaux autour de nous, le plus proche étant une zone sexuelle et l’autre une zone d’intimité. Un peu comme si l’intimité était un nuage qui nous entourait et qu’on devait traverser pour atteindre le corps. Cette zone d’intimité est une zone précieuse, chargée de nos mémoires et de nos émotions

Il pourrait apparaître logique d’apprivoiser en premier l’intimité et ensuite passer à la sexualité. On pourrait être tenté de penser qu’il est plus facile de passer par l’intimité pour se rendre à la sexualité, de prendre le temps de se connaître, d’apprendre à communiquer, d’apprendre à partager des moments de vulnérabilité et de partager des intérêts communs avant d’explorer l’espace sexuel qui s’offre à nous.

Pourtant, il apparaît que bien souvent, nous nous donnons un élan pour survoler la zone d’intimité et atterrir immédiatement dans la zone sexuelle. Il apparaît qu’il est beaucoup plus simple de ne pas gérer cette zone d’intimité, trop nuancée, où notre esprit doit se risquer à mettre des mots sur les états d’âmes de son cœur. L’intimité de l’âme est beaucoup plus ardue à supporter que celle des corps. Il est plus facile d’éluder cet espace d’intimité, nous nous évitons ainsi d’ouvrir notre cœur et de travailler nos interactions.

Il est plus laborieux d’aller lentement, de prendre le temps de mélanger notre nuage à celui de l’autre, d’écouter, de sentir, de respirer, de faire de la place afin que puisse cohabiter harmonieusement ces deux intimités ; afin que se développe une intimité commune. Il est difficile de supporter les moments d’intimité s’ils ne se concluent pas par une rencontre sexuelle. Il en est de même pour les moments de quotidiens. Comme si cette intimité nous faisait miroiter la possibilité de se perdre dans cette attirance, de se perdre dans l’autre. Transformer immédiatement une relation en une relation essentiellement sexuelle a quelque chose de rassurant. Les paramètres sont plus faciles à établir. On sait que l’autre est là pour notre corps, on sait comment va se dérouler la soirée, les codes sont clairs.

Pourtant, le partage de l’intimité amoureuse est un souhait partagé par plusieurs ; ses possibilités et promesses sont alléchantes, malgré l’implication demandée. Le reste de notre vie sera sans doute un long chemin vers l’intimité partagée où s’emmêleront nos peurs. Comme tous les autres chemins, il sera fait de détours et de retours infinis. Ce sera à nous, quotidiennement, de faire des choix ; de déterminer la zone de confort où nous sommes en mesure d’évoluer. Ce sera loin d’être parfait, ce sera la vie.

30 septembre 2007

Rêver

Rêver est presque devenu une mission impossible. Ne pas rêver devient une façon de nous protéger, de ne pas se créer d’attente, d’accepter notre vie actuelle, même si on est insatisfait. Nous avons tellement peur d’être déçu, de nous engager que même en rêve nous hésitons, tergiversons. Lorsqu’on sent monter des images de ce qu’une relation pourrait être, nous les repoussons. Même nos idées nous angoissent. Même en images nous n’arrivons pas à nous laisser aller dans une relation.

Nous devrions nous entraîner à rêver, nous pratiquer à n’imaginer que le meilleur, que ce que nous souhaitons. Imaginer dans les détails, exactement ce que nous voulons. Imaginer égoïstement ce que pourrait être une histoire d’amour, sans fixer préalablement le choix du partenaire. Prendre le temps de rêver la relation idéale une vitesse à la fois.

Souvent on ne se permet que des relations ordinaires, sans piquant. Il est essentiel qu’on puisse au minimum rêver tout ça dans sa tête : les messages textes aguichants à tout heure du jour ou de la nuit, les courriels érotiques, les visites surprises, les cadeaux déposés à la porte, les journées de travail ensemble chacun sur son projet en sentant la vibration de l’autre dans la pièce, les siestes intimes inopinées, les dîners où on a autre chose à déguster que son lunch, les escapades aux pommes, les invitations à souper à la dernière minute, les visites éclair où on laisse l’autre sur sa faim. La spontanéité, l’ouverture, la lumière. À force de rêver, on finira bien par passer à l’acte.

Oser rêver loin et grand, même si ça coince, même si notre cœur se tort de peur juste en évoquant la possibilité de rêver tout ça : la maison, la pièce de méditation, la grande salle à manger pour recevoir les amis, la salle de bain avec marchepied et poignées, le grand lit partagé, les bureaux séparés, les messages surprenants collés dans des endroits surprenants, le chalet, les vacances au coin du feu à lire chacun son livre, les moments passés au piano, l’intimité extrême et la poursuite de notre individualité, les projets partagés et ceux jalousement gardés pour soi. L’heureux mélange de proximité et de distance, l’équilibre parfait du moi et du nous, du quotidien et de l’extraordinaire.

Rêver même s’il y a de faibles possibilités que ça arrive un jour, sans s’attendre que ça arrive, rêver dans la liberté de notre imaginaire. Rêver pour multiplier les scénarios qui s’offrent à nous, pour pouvoir découvrir et éventuellement reconnaître des avenues qu’on n’avait pas cru possibles avant. Rêver pour entraîner son cœur à se laisser aller au bonheur, à ne pas se refermer à la moindre parole qui laisse poindre une ouverture vers la durée, vers une réelle intimité. Rêver pour se donner des choix. Rêver pour créer des mondes qui autrement n’existeraient pas.

Rêver pour survivre au quotidien qui nous limite et nous garde prisonnier de nos habitudes et d’un monde dont on a fait cent fois le tour. Rêver pour créer des sorties et enfin atteindre une vie à notre hauteur.

28 septembre 2007

Céder

S'éloigner de notre moi pour se laisser glisser dans le nous, magnifiquement illustré par Joblo. À lire!

26 septembre 2007

Vide

Vague de vide après le grand plein. J’ai le vague à l’âme et le cœur lessivé. Retour du balancier, après l’extase, le vide, le néant, le brouillard. L’absence cruelle de ton contact. Le flou sur les possibles explications. Je suis dans le néant. Je te cherche mais ne veux pas de toi. Je n’ai pas besoin de toi. Je veux m’endormir toute seule dans ma vie, mais me réveiller avec toi, que tes bras me préservent du quotidien qui m’envahit à chaque bruit.

23 septembre 2007

Problème de connexion

« Le sexe a quelque chose de destructeur quand, au lieu d'unir, il sépare, renvoyant chacun au délire de sa solitude et de son avilissement. » Monsieur l’adulte.

Ouvrir son cœur et son âme semble très difficile. Pourtant c’est essentiel pour se connecter à l’autre. La logique de consommation qui domine présentement s’applique aussi à la sexualité, on ne rencontre plus l’autre, on consomme son corps. En refusant de s’ouvrir ainsi, on se prive de multiples sensations. Un peu comme si on tentait de se faire une rôtie dans un grille-pain qu’on ne brancherait pas. On fait tous les gestes nécessaires mais notre rôtie ne goûte pas la rôtie. Il faudra mettre pas mal de confiture pour que le goût soit agréable.

Une relation sexuelle, aussi courte soit-elle nous donne l’opportunité d’une rencontre avec l’autre, de se connecter à plus grand que nous. On n’a qu’à penser, par exemple, au tantrisme : «À travers l'acte sexuel, les fidèles célèbrent le moment de la création et, atteignant une parfaite maîtrise des forces surhumaines du cosmos qui se manifestent à travers leur corps, ils permettent l'union du jivâtman avec le paramâtman. »

Actuellement, les relations sexuelles sont plutôt considérées comme une rencontre mécanique des organes génitaux dans le but de produire quelque chose qui ressemble à un orgasme, à du plaisir. Pourtant, il est à la portée de tous de ressentir le grand frisson, d’atteindre l’espace où on cesse de sentir les limites de son corps, où l’âme de l’autre pénètre notre chair et où notre cœur se glisse dans la peau de l’autre.

Puisque notre réserve, notre fermeture à l’autre nous limite grandement dans les possibilités de sensations, nous avons de plus en plus recours à des pratiques extrêmes dans le but de ressentir quelque chose qui se rapproche de l’extase. C’est ce qui fait qu’on consomme de plus en plus de porno et que nos relations sexuelles s’en inspirent de plus en plus. C’est ce qui peut expliquer notre recherche frénétique de partenaires multiples tous plus hot les uns que les autres. Il peut être amusant, intéressant d’intégrer dans notre vie des pratiques « piquantes » Ce qui est triste c’est lorsque la seule façon de parvenir au plaisir se situe à l’extérieur de nous, dans des pratiques qui peuvent facilement devenir avilissantes et humiliantes.

On se retrouve alors avec des corps qui s’entrechoquent, des gestes saccadés et des lendemains décevants. Alors qu’en s’ouvrant, en laissant l’autre se glisser en nous dans son entièreté on a la chance de connaître les peaux qui se mélangent, les respirations qui se synchronisent, les âmes qui se rejoignent, les cœurs qui s’ouvrent, les mains qui devinent le chemin du plaisir, les corps tellement emmêlés qu’on ne sait plus à qui ils appartiennent. Pour se faire, il faut ouvrir les yeux, plonger dans le regard de l’autre, laisser ses mains s’enraciner dans son corps, écouter le murmure de sa peau, être à l’affût des moindres tressaillements qui nous guideront vers d’exquises caresses. Il faut permettre à son cœur de ressentir l’émotion du moment.

Loin d’exiger la retenu, cette façon de vivre la sexualité permet de passer de la douceur à la fougue, sans jamais quitter l’intensité du moment. Elle rend possible le glissement subtil de la tendresse à la vivacité, la douce escalade du plaisir tantôt latent tantôt ardent qui nous mène à l’extase.

16 septembre 2007

Problème de transmission

Imaginez une voiture qui n’aurait que deux vitesses : la première et la cinquième. On pourrait comprendre l’angoisse du conducteur. Une fois le démarrage effectué, on n’aurait pas le choix de passer en 5e. J’entends déjà le bruit du moteur.

Actuellement, c’est la même chose pour les relations «amoureuses». C’est comme si on avait l’impression d’avoir le choix entre les vitesses 1 et 5 : la fuckfriend ou l’épouse. Alors, dès qu’une certaine complicité s’installe, dès qu’un solide respect est en place, dès qu’on ressent de la tendresse, on a l’impression qu’on doit absolument passer à la 5e vitesse, à la relation sérieuse, à la « vraie » relation. Certains choisissent de passer directement à cette étape pour ensuite se retirer parce qu’ils ne le sentent pas, d’autres déclarent forfait juste à y penser.

On ne retrouve plus actuellement dans notre société de modèle unique de couple, ce qui peut être déboussolant. Mais ce qui est fantastique c’est que les possibilités sont infinies. On n’a plus besoin, en 2007, de vivre une relation traditionnelle, même si la pression sociale est forte, même si les membres de notre entourage nous souhaitent le meilleur qu’ils connaissent : une relation stable, sérieuse et durable. Cette façon de concevoir les choses demande par contre beaucoup d’ouverture et de dialogue. D’abord, avec soi-même, pour être à l’écoute de ses envies et de ses limites. Ensuite, avec l’autre, afin d’arriver à déterminer un fonctionnement qui convienne aux deux. Cela demande aussi beaucoup de souplesse puisque ces ententes sont mouvantes et évoluent au fil du temps, selon les événements et nos états d’âme.

Il s’agit en fait d’être créatif et de prendre toutes les balises contenues dans ces deux statuts extrêmes et de les réfléchir une par une : - notre titre, la fréquence des contacts, la rencontre des amis, de la famille, des enfants -Qu’est-ce qui fait partie de notre relation? le sexe? les sorties? les activités sportives? les activités sociales? À l’intérieur de quelles limites voulons-nous vivre notre sexualité? Sommes-nous exclusifs ? Pouvons-nous avoir d’autres amants réguliers ? Des aventures ponctuelles? etc. Rien ne va de soi, tout peut se définir « à la carte ». Il y a trois vitesses entre la première et la cinquième et chacune a sa raison d’être. Il est important de garder en tête que lorsqu’on conduit une voiture, parfois, on augmente de vitesse et parfois il est tout à fait normal de rétrograder de vitesse afin de bien suivre la route. Il arrive aussi, dans certains trajets, qu’il ne soit pas indiqué de dépasser la 3e vitesse afin de se rendre à destination. La seule loi, c’est qu’on se doit s’être vrai avec l’autre personne, l’éclairer sur nos intentions et sur ce qu’on est apte à vivre pour l’instant.

Regardez autour de vous, il y a plus de variétés de relations que vous ne pouvez imaginer. Une amie d’une amie a un amant avec qui elle ne construit aucun projet mais qui fait les lunchs de sa fille! Une princesse de ma garde rapprochée se définit comme engagée dans une relation non traditionnelle avec un homme plus jeune, qu’elle voit de façon aléatoire. Le but de la relation c’est de se lier à une personne qui nous permet d’avancer, qui, par sa simple présence, participe à notre bonheur. Aucun modèle rigide ne peut convenir à l’ensemble des être humains. Nous sommes trop différents.

Il faut garder en tête qu’on décide pour aujourd’hui seulement. On ne sait jamais ce qui peut arriver demain. Il est sage de laisser de l’espace à la mouvance et de redéfinir au jour le jour notre relation. Choisir de ne plus revoir quelqu’un qui nous attire, avec qui on partage mille et un plaisirs, parce que ça va finir un jour et qu’on ne veut pas lui faire de peine, c’est comme si on s’empêchait d’acheter une voiture parce qu’on a peur qu’un jour elle brise. On serait mieux d’en profiter le temps où ça dure et d’apprécier chaque moment en sa compagnie. Il y aura inévitablement une fin, mais bien malin qui peut prédire combien de moments heureux se seront écoulés d’ici là.

12 septembre 2007

Court instant

Fou comme en un si court instant ton odeur s’imprègne sur mes joues, sur mes lèvres. Comme en si peu de temps mes narines ne respirent rien d’autre que ton effluve et que tes lèvres semblent se poser éternellement sur ma peau. Fou, comme en quelques secondes mes mains prennent le temps de toucher ton ventre, tes cuisses. Comme mes yeux enregistrent des images de ton corps, de ton sourire, de ton regard. Fou comme ce peu de temps est suffisant pour faire résonner en moi des milliers de réminiscences. Fou comme mon cœur réussit à s’absenter instantanément. Fou comme dans un moment si flou et irréel, ces images et sensations se fixent profondément.

Fou comme l’entièreté de mon être portera ces souvenirs jusqu’au prochain moment de grâce.

9 septembre 2007

Le syndrome de la cour d'école

À l'époque où nous étions petites, où nous fréquentions la petite école, la chose la plus importante quand on avait le béguin pour un garçon c'était de garder ça secret. Bien sûr on le partageait avec sa meilleure amie, en lui faisant jurer “promis juré craché”, de ne jamais le répéter à personne. (D'ailleurs, la trahison ultime de la part d'une meilleure amie étant la divulgation d'un secret, plusieurs amitiés se sont terminées dans ces circonstances.)

Le pire cauchemar qu'on pouvait imaginer c'était que tout le monde dans la cour d'école se mette à scander : “ La Belle aime Charmant, La Belle aime Charmant, eh Charmant, La Belle elle veut se marier avec toi.... ahah, Charmant ! La Belle elle veut être ton amoureuse, elle veut avoir des bébés avec toi....ouhou les amoureux...eh Charmant, La Belle elle t'aime”

Notre amour, ou notre intérêt devait absolument rester secret. À cet époque c'était surtout dû à la gène et à la difficile cohabitation des gars et des filles qui malgré un intérêt évident pour le sexe opposé continuaient à le considérer comme le pire fléau du monde.

Cette époque est derrière nous, pourrions-nous être tentés de croire. On devrait plutôt envisager sérieusement le fait que cette peur est encore en nous, qu'elle résonne lorsque nous commençons à fréquenter quelqu'un ou même lorsque nous envisageons de le faire. Cette peur que tout le monde se lève et scande La Belle + Charmant est encore présente. Comme si ce que nous ressentions devait être caché, que ce soit désir, amour ou intérêt. Comme si cet élan envers quelqu’un allait nous fragiliser. S'il fallait qu'il le sache, d'une part, mais aussi s'il fallait que la cour d'école sache ce que je ressens. Pourtant, il n'y a rien de mal, au contraire à éprouver des sentiments, ou du désir pour quelqu'un. Maintenant que nous sommes adultes et que nous avons appris à cohabiter (ou presque) entre hommes et femmes, que peut-il arriver de bien dramatique? À part bien sûr se faire dire non, se faire rejeter. Si les sentiments ressentis sont positifs, que la majeure partie du temps, ils nous rendent heureuse, alors ce qui se passe est une bonne chose.

Devenus adultes, on devrait être capable de se lever debout devant la cour d'école, et attendre qu'elle nous provoque. Au premier “La Belle aime Charmant” on devrait simplement répondre : « oui. » Suivi d’un optionnel, « ça dérange qui ? ». Instantanément, les personnes présentes devraient se taire et leur chahut se transformer en murmure. Il m’est déjà arriver de répondre à une autre princesse lors d’une soirée de bal, un simple oui à sa question : « Est-ce qu’il t’intéresse ? », malgré l’absence d’intérêt dudit prince.

Devenus grands, nous pouvons assumer nos sentiments et leur permettre de nous nourrir, de grandir en nous, peu importe ceux des autres. Nous avons la force de les porter en nous comme des rêves ou des désirs qui se réaliseront peut-être ou peut-être pas. L'amour n'est pas une maladie honteuse, il en est de même pour le désir ou pour une quelconque attirance.
L'amour et le désir sont des émotions nobles, nous devons en prendre soin et les laisser nous habiter, c'est quand on tente de les nier, de les refouler, de les cacher, qu'elles nous dévorent.

3 septembre 2007

Le rayon tel quel

Arrive un moment dans la vie, où on devient un consommateur averti. C'est un peu la même chose dans la recherche de la douce moitié. Avec le temps il est souhaitable qu'on devienne plus pragmatique et qu'on cesse de chercher la personne parfaite pour se tourner vers la personne qui nous conviendra.

Il est alors temps de changer nos habitudes de magasinage. Il est temps de laisser les vitrines alléchantes pour le rayon tel quel. Vous savez le rayon où les meubles sont moins chers parce qu'ils ont un défaut ? Plusieurs avantages sont présents, vous payez moins cher et vous savez à quoi vous en tenir, ce que vous voyez c'est ce que vous avez. Contrairement aux meubles dans la vitrine qui sont mis en valeur par plusieurs stratagèmes, les meubles au rayon tel quel sont empilés là avec un collant fluo qui vous indique clairement où est le défaut. Les meubles dans la vitrine ont l'air vraiment merveilleux mais ils ne sont jamais aussi beaux dans notre salon que dans la vitrine, ce qui cause souvent des déceptions. Dans la recherche de l'être aimé, tout comme en consommation, il arrive qu'on doive laisser des critères de côté. Nous voulions un sofa rouge, celui au rayon tel quel est bleu, moins cher et a les bonnes dimensions, c'est probablement le notre.

Des deux côtés on gagne à magasiner au rayon tel quel. D'une part on sait à quoi s'attendre quand on rencontre quelqu'un. Bien sûr, on a à accepter les imperfections de l'autre, mais au moins on peut choisir avec lesquels on est prêt à vivre. On peut faire un choix éclairé. D'autre part on n’a pas, nous-même, à faire de la vitrine. C'est épuisant la vitrine, il faut user de stratagèmes pour montrer une image “améliorée” de nous, on risque que l'autre se désintéresse une fois qu'on sera dans son salon et de plus, en général, ce sont les nouveaux modèles qui se retrouvent dans les vitrines. Évitez l'humiliation, soyez vous-même, présentez vous tel quel.

Autre règle du rayon tel quel : Rien ne veut rien dire. Il vous a demandé ce que vous faisiez lundi prochain ? Ça veut dire qu’il veut savoir ce que vous faites lundi prochain. Il est resté pour la nuit et s’est sublimement blotti contre vous ? Ça veut dire qu’il avait envie de dormir collé. La seule façon de mieux connaître l'autre et ses intentions, c’est de poser des questions. “ Pourquoi tu demandes ça?” ou encore “ Voudrais-tu qu'on se revoit?” Mais surtout, ne présumez de rien!

S'afficher au rayon tel quel ça veut dire : être soi-même, se montrer sous son vrai jour, dire ce qu'on pense, ce qu'on sent réellement dès les premières rencontres. De toute façon un jour ou l'autre, l’élu du moment découvrira qui on est vraiment. Aussi bien donner son coeur à quelqu'un qui nous a réellement choisi non ?

2 septembre 2007

Notre nous

Que ferons-nous de notre nous? Qu’on le veuille ou non, au-delà de nos volontés, ce nous existe. Il existe depuis que tes yeux se sont posés sur moi. Depuis que ton corps a comblé le mien, que ta peau a glissé dans la mienne, il est infini et éternel. L’attraction de nos corps reflète notre nous. La peur de nos cœurs et la distance de nos âmes confirment la force de notre nous. Impossible de résister, nos corps s’appellent, se collent, s’enlacent et se comblent. Tes caresses appellent les miennes. Tes gestes s’enchaînent aux miens. Le plaisir coule à flots et notre nous s’y abreuve. Ta bouche se fixe à la mienne avec une étrange perfection, tes mains courent sur mon corps, s’agrippent, se cramponnent. Nos élans s’entrechoquent, nos peaux se mélangent. Je me fonds dans toi, je suis chez moi. Notre nous se déploie, comble l’espace, respire enfin. Ton plaisir rejoint le mien, ton extase explose au plus profond de la mienne. Notre nous profite des derniers instants puis se résigne à être brisé.

Il continue à exister, à s’étirer pour combler la distance, à nous lier bien au-delà de toi, bien au-delà de moi, au plus profond de ton être, au plus profond de mon être.

Jusqu’à ce que ton corps croise à nouveau le mien et que dans une irrépressible attirance notre nous recommence à exister… jusqu’à l’inévitable déchirure.

Que ferons-nous de notre nous ? Nous nous y fonderons sans cesse
Jusqu’à l’inévitable quotidien qui nous sépare.