28 octobre 2007

Interdépendance

Grand dictionnaire de terminologie, Office de la langue française du Québec :
Phénomène consistant en un état de subordination réciproque dans lequel des personnes ou des groupes se sentent solidaires les uns des autres par le seul fait de leur situation personnelle, sociale, économique, etc., et qui les incite à se soutenir mutuellement dans la recherche et la poursuite de leurs objectifs.
Claude Paquette :Reconnaissance que chaque personne est en interaction avec des proches qu’elle ne peut ignorer. La personne autonome est donc celle qui est aussi capable de gérer ses interdépendances. Dans un contexte d’interaction, l’autonomie comporte aussi une part d’autolimitation librement consentie.

Il est essentiel dans la vie d’être autonome, mais l’indépendance n’est pas nécessaire à tout prix. C’est faire preuve de sagesse que de s’avouer que l’on a besoin des autres et que les autres ont besoin de nous. Il est sain de savoir qu’à l’occasion on peut se déposer la tête pour mieux repartir.

C’est faire preuve de maturité que de laisser notre ego s’effacer pour faire place à une autre entité. C’est devenir un adulte que de laisser entrer quelqu’un dans sa vie au quotidien, d’offrir sa vulnérabilité à un être qu’on aime, pour qu’enfin on ne soit plus seule à en prendre soin.

25 octobre 2007

Concerto pour piano

Premier mouvement:
Comme à l’habitude, à son arrivée, ils s’installent au piano. C’est la façon qu’ils ont trouvés pour créer le premier contact. Jouer et chanter lui permettent à la fois de s’enraciner et de toucher son cœur. Il apprécie de la sentir emplie de cette force qui la traverse, de sentir la force de cette voix qui émerge de ce corps si fragile. Observer la mouvance de son corps fait monter le désir en lui. Elle aime qu’il l’observe, elle aime sentir son épaule sur la sienne, elle aime sentir cette proximité tendre, elle aime ouvrir son cœur via la musique. Elle aime savoir que plus tard, il la prendra.

Deuxième mouvement:
À son arrivée, sans un mot, ils s’installent au piano. Puis sa voix s’élève et comble le silence. C’est ce qui s’est imposé pour créer le premier contact, pour amenuiser graduellement la distance. Chanter pour cet homme lui permet de s’enraciner et de toucher son cœur. La puissance de cette voix qui émerge de cette femme si fragile le rend béat d’admiration. Observer la mouvance de son corps fait monter le désir en lui. Elle aime sentir son regard posé sur elle et le désir l’envahir. La vibration de son épaule contre la sienne la bouleverse. Elle aime cette proximité tendre qui l’autorise à lui ouvrir son cœur grâce à la musique. Elle sait que plus tard lorsqu’il la prendra elle refermera son cœur afin de goûter aux délices que son corps a à offrir. Elle sait que plus tard, après son départ, c’est au piano qu’elle confiera sa tristesse.

21 octobre 2007

La sorcière

À l’approche de la pleine lune, voici une révélation choc : Je suis une sorcière. Et je suis loin d’être la seule. Au fond de chaque femme se cache une sorcière prête à être libérée.

Il n’y a pas si longtemps, on brûlait les sorcières. On reconnaissait une sorcière au pouvoir qu’elle avait sur sa vie. Il s’agissait de femmes qui connaissaient les mécanismes subtils du corps féminin, qui le soignaient à l’aide de plante et qui savaient l’accompagner lors des accouchements. On les soupçonnait aussi de pratiquer des sortilèges, des rituels et de vivre au rythme de la lune. Elles semblaient sentir les choses et être connectées à l’univers. Comble de l’insulte pour l’époque, elles assumaient leur sexualité et la considéraient comme une force vitale.

De nos jours, plusieurs femmes se reconnaissent dans cette définition. Malheureusement, nous avons perdu ces racines. Nous n’avons conservé que la peur du bûcher, la peur d’être une mauvaise fille.

La prochaine pleine lune est l’occasion rêvée de contacter la sorcière en vous. De reconnaître cette grande force qui dort en vous et qui ne demande qu’à être retrouvée. Laissez monter en vous cette force, faites confiance à vos intuitions, observez ce qui se passe autour de vous, notez les synchronicités. Laissez de la place à ce que vous sentez, à ce que vous ressentez.

Surtout, assumez la grande force sexuelle qui vous habite. Assumez vos pulsions, laissez de côté la peur d’être une mauvaise fille. Ne reculez devant aucune manigance, aucun plan diabolique qui vous permettra d’arriver à vos fins et d’envoûter l’objet de vos désirs. Suivez la force d’Éros qui vous pousse à vivre des aventures qui peuvent vous paraître étranges à prime abord. C’est la force du corps, la force de l’attraction sexuelle, la force de la connexion, ou simplement l’attirance qui vous guide. Peu importe le nombre de partenaires, la distance entre les rencontres, les lieux ou les moments de vos pulsions, les positions qui vous font envie, peu importe que vous ne puissiez vous imaginer raconter vos expériences à qui que ce soit, assumez cette force qui est en vous. Si vous le sentez et que vous en avez envie, pour une fois laissez votre tête de côté et permettez à votre corps de décider.

Personne n’a à vous juger et en 2007, personne ne vous mènera au bûcher.

15 octobre 2007

La peur de la brosse à dents

Horreur! Une brosse à dents traîne à côté de votre lavabo et ce n’est pas la vôtre. Quelqu’un a laissé sa brosse à dent chez vous. Vous vous mettez alors à paniquer. C’est bien connu, on ne laisse pas sa brosse à dent comme ça innocemment. Ce geste qui peut sembler anodin est en fait un moment crucial de votre relation. Une provocation de la part de l’autre parti, une obligation à envisager le pire : l’engagement.

La brosse à dent est le premier symbole de l’engagement. C’est le signe qu’on ne fait plus semblant qu’on ne sait pas si on va se revoir, qu’on assume notre envie de se revoir et de laisser l’autre partager un bout de notre quotidien.

Mais qu’est-ce qui nous fait si peur ?

Selon le dictionnaire La Belle, l’engagement c’est décider de mettre de l’énergie dans une relation afin de voir où elle peut nous mener. C’est avoir envie que cette relation nous mène quelque part. On peut bien sûr, s’engager avec quelqu’un, prendre la peine de se dire, les yeux dans les yeux, qu’on a envie de faire un bout de chemin ensemble. On peut aussi choisir de s’engager dans une relation unilatéralement, choisir de s’investir dans une relation à laquelle on croit malgré l’incertitude des intentions de l’autre.

S’engager c’est assumer face au monde qu’à nos yeux une personne en particulier nous donne envie d’élaborer un projet de vie. C’est rêver ensemble que ça pourrait durer toujours, malgré les statistiques actuelles de séparation. C’est choisir que vivre une relation qui nous rend malheureux n’est pas acceptable mais que la solution n’est pas la rupture. C’est décider qu’on est capable de trouver ensemble des solutions, de créer un espace qui nous permettra d’être heureux ensemble et qui nous permettra aussi d’évoluer dans nos sphères de vie respectives. C’est viser l’équilibre entre la passion et le quotidien.

Alors pourquoi est-ce que les brosses à dents me terrorisent toujours autant?

Parce que consentir à ce qu’un être dépose sa brosse à dents contre la sienne demande aussi d’ouvrir son cœur. C’est tolérer un témoin lors de nos moments de faiblesse, de vulnérabilité, d’humanité. C’est accepter de pleurer devant celui à qui on veut plaire, accepter de se faire consoler. C’est avoir sans cesse peur de l’inévitable transformation, peur de perdre ses contours, peur de se fondre dans l’autre au point de ne plus être soi.

C’est aussi laisser l’imperfection entrer dans notre histoire d’amour et permettre au chaos de s’installer dans notre quotidien, pour le meilleur et pour le pire…

7 octobre 2007

Intimité

Tout se passe comme si on avait plusieurs cerceaux autour de nous, le plus proche étant une zone sexuelle et l’autre une zone d’intimité. Un peu comme si l’intimité était un nuage qui nous entourait et qu’on devait traverser pour atteindre le corps. Cette zone d’intimité est une zone précieuse, chargée de nos mémoires et de nos émotions

Il pourrait apparaître logique d’apprivoiser en premier l’intimité et ensuite passer à la sexualité. On pourrait être tenté de penser qu’il est plus facile de passer par l’intimité pour se rendre à la sexualité, de prendre le temps de se connaître, d’apprendre à communiquer, d’apprendre à partager des moments de vulnérabilité et de partager des intérêts communs avant d’explorer l’espace sexuel qui s’offre à nous.

Pourtant, il apparaît que bien souvent, nous nous donnons un élan pour survoler la zone d’intimité et atterrir immédiatement dans la zone sexuelle. Il apparaît qu’il est beaucoup plus simple de ne pas gérer cette zone d’intimité, trop nuancée, où notre esprit doit se risquer à mettre des mots sur les états d’âmes de son cœur. L’intimité de l’âme est beaucoup plus ardue à supporter que celle des corps. Il est plus facile d’éluder cet espace d’intimité, nous nous évitons ainsi d’ouvrir notre cœur et de travailler nos interactions.

Il est plus laborieux d’aller lentement, de prendre le temps de mélanger notre nuage à celui de l’autre, d’écouter, de sentir, de respirer, de faire de la place afin que puisse cohabiter harmonieusement ces deux intimités ; afin que se développe une intimité commune. Il est difficile de supporter les moments d’intimité s’ils ne se concluent pas par une rencontre sexuelle. Il en est de même pour les moments de quotidiens. Comme si cette intimité nous faisait miroiter la possibilité de se perdre dans cette attirance, de se perdre dans l’autre. Transformer immédiatement une relation en une relation essentiellement sexuelle a quelque chose de rassurant. Les paramètres sont plus faciles à établir. On sait que l’autre est là pour notre corps, on sait comment va se dérouler la soirée, les codes sont clairs.

Pourtant, le partage de l’intimité amoureuse est un souhait partagé par plusieurs ; ses possibilités et promesses sont alléchantes, malgré l’implication demandée. Le reste de notre vie sera sans doute un long chemin vers l’intimité partagée où s’emmêleront nos peurs. Comme tous les autres chemins, il sera fait de détours et de retours infinis. Ce sera à nous, quotidiennement, de faire des choix ; de déterminer la zone de confort où nous sommes en mesure d’évoluer. Ce sera loin d’être parfait, ce sera la vie.