28 septembre 2008

Dessiner

J’ai depuis longtemps envie de réaliser un fantasme avec LUI. (plusieurs mais commençons par un). Inspirée d’une nouvelle érotique douteuse, j’ai envie de m’armer de crayons feutres de couleurs multiples et d’écrire sur son corps, des mots d’amour, des poèmes, d’y dessiner mon désir en laissant le chatouillement du crayon faire monter le désir en lui. Jusqu’à ce qu’il s’empare aussi des crayons et m’inflige le même traitement, jusqu’à ce que nos corps, ne pouvant plus s’attendre, se réunissent et cheminent vers le plaisir.



Son absence me pesant atrocement, le crayon glissa sur ma peau, inscrivant pour LUI ce que criait silencieusement mon cœur, marquant mon désir insoutenable et concrétisant ce qu’il comprendrait s’il se résignait à toucher ma peau.

On pu y lire ce qui suit :
Sur l’avant-bras gauche, une longue flèche avec l’inscription suivante :
élan naturel vers une étreinte amoureuse

Sur le mollet gauche, pêle-mêle, des fleurs, un soleil, une spirale et les inscriptions :
Mon cœur explose de lumière à ton contact
Et,
Tout mon être s’ouvre pour accueillir notre amour
Puis,
X, Je t’aime comme une adulte.

Sur le côté du genou gauche, une autre flèche avec la légende suivante :
Flèche à suivre vers mon désir de toi

Du pied droit en remontant sur la jambe, des extraits d’un poème de Gaston Miron :
je marche à toi, je titube à toi, je meurs de toi
lentement je m’affale de tout mon long dans l’âme

je marche à toi, je titube à toi, je bois à la gourde vide du sens de la vie

je n’ai plus de visage pour l’amour, je n’ai plus de visage pour rien de rien

mon corps est un dernier réseau de tics amoureux avec à mes doigts les ficelles de souvenirs perdus
je n’attends pas à demain, je t’attends
je n’attends pas la fin du monde, je t’attends
dégagé de la fausse auréole de ma vie

Et bordant ce texte :
tu es ma chance ouverte et mon encerclement

Me remémorant son doux baiser d’adieu sur mon ventre, je laissai le crayon inscrire les mots de Prévert :
Serre-moi dans tes bras
Embrasse-moi
Embrasse-moi longtemps
Embrasse-moi
Plus tard il sera trop tard
Notre vie c’est maintenant


J’ai admiré le résultat, en me disant que cette démonstration était digne de LUI. J’ai contemplé les mots sur ma peau, en constatant qu’IL s’y était incrusté beaucoup plus profondément qu’eux, et que ses marques étaient ineffaçables.

Puis, j’ai frotté vigoureusement sous la douche, en souhaitant très fort que la douleur coule sous l’eau en même temps que l’encre.

Aimer en adulte

Il vient un temps dans la vie, où pour la première fois, on aime réalistement. Un moment où on ne s’attend plus à ce que la vie devienne subitement parfaite. On cesse de penser que tout sera facile, que tout ira sur des roulettes. On est conscient qu’on aura à se bagarrer avec l’être aimé, à cause des personnalités explosives. On sait que plusieurs aspects de l’autre nous énervent. On accepte que beaucoup de travail et de dialogue seront nécessaire. On voit bien tous les dangers à venir. On est conscient que nous sommes tout deux intensément en mouvement et que ces mouvements s’entrechoqueront assurément. On a envie de planter ses pieds dans l’aventure et d’y mettre toute son énergie. On a envie de L’avoir à ses côtés pour surmonter les moments difficiles, on ne s’imagine plus que sa seule présence fera de notre vie un conte de fée. On s’incline devant cet amour de l’autre qui n’accepte pas seulement ses défauts, mais qui s’en nourrit. On se tolère pas ses éclats, ses colères, ses doutes et ses gestes d’adolescents, on les aime tout autant que sa force, sa présence, sa beauté, son intelligence, sa lumière. On ne choisit pas quelqu’un avec qui on pense que ça pourrait bien aller, on LE choisit parce qu’on sait comment ça ira. On ne cesse pas de croire à l’amour, on n’est pas désillusionné, au contraire, on découvre sa vraie nature, sa force et le courage d’aimer véritablement un être réel, humain et imparfait.

Pour la première fois, on arrive à faire part de l'état de son cœur, de son cheminement, de son désir, clairement, posément, en douceur, en détails, dans le confort de ses bras. On n’échafaude pas de plans en plusieurs étapes, on n’utilise pas le désir comme levier.

…et on laisse couler paisiblement les larmes qui montent à l’annonce que cet amour d’adulte arrive trop tard. On ne se jette pas dans les bras d’un autre, on reste simplement là en se répétant ce qu’on découvre être la plus belle déclaration d’amour : Je t’aime comme une adulte.

26 septembre 2008

Retenir

Taire la chasseuse en moi, épuisée. Faire disparaître la séductrice, dégoutée de ces jeux qui ne mènent nulle part. Obliger l’amoureuse à s’abstenir de Le supplier de réfléchir, de me choisir. Sans doute à cause de l’impossibilité d’affirmer hors de tout doute, que notre histoire pourrait durer toujours, sans doute à cause de la culpabilité d’avoir tant fait souffrir par le passé.

Et retenir les cris de haine qui sont les derniers mots d’amour (Aznavour)

Poisson rouge

Je suis un poisson rouge, submergée par ma peine, je n’ai plus de mémoire. De ma bouche, les mots sortent silencieux, sans portée, sans effet. J’ai la tête sous l’eau, l’impression de tourner en rond et aucune idée de ce que le monde extérieur peut m’apporter. Je suis un poisson rouge et j’aimerais mieux ne rien sentir. Je suis un poisson rouge, je t’aime et ça me fait mal.

Pas le goût

Pas le goût de Lui accorder le même traitement qu’à Charmant et qu’au Merveilleux. Pas le goût de porter mon attention, sur ses défauts, sur ce qui me déplait, me tombe sur les nerfs. Pas le goût de me convaincre que ce n’est pas le bon pour moi. Pas le goût de chasser le désir d'enfant qui s'était réinstallé.Pas le goût de ne pas voir qu’il est beau, qu’il est là, qu’il m'écoute, qu’il se préoccupe de moi, qu'avec lui je me sens belle et magnifique, même poquée, malade et débordée, que j'existe dans ses yeux, qu’il se réjouit de mes bonheurs, qu’il sent terriblement bon, qu’on se comprend quand on se parle, qu’on a des activités communes, des valeurs semblables, qu’il accorde de l'importance à mon point de vue, que le désir entre nous est palpable. Qu’il m'aime peu importe mon état physique et mental, qu’il me trouve fabuleusement complexe, qu’il s'entend bien avec mes enfants. Qu’il est brillant, vivant, intense, en mouvement.

Pas le goût d’amplifier les zones d’ombres pour atténuer la lumière, pas le goût d’accepter que ma vie ne prendra pas le chemin de ses bras, pas le goût de chasser l’espoir. Et pourtant, dorénavant ce sera la seule façon de survivre à cette peine.

Trop peu trop tard

Ce fut bon et triste. Bon de sentir son corps agrippé au mien, de sentir son désir, de respirer son odeur. Bon de l’entendre me confirmer son attirance, son envie d’être là. Bon de sentir à nouveau la chaleur de sa peau, son accueil absolu de mon être tout entier. Absolument merveilleux de passer ce moment dans ses bras, de me sentir aimée durant toute une heure, de sentir toute la tendresse qui couvait sous chaque geste.

Triste de constater le cruel contraste entre le moment si délicieux et l’aveu que quelqu’un d’autre occupe l’espace tant convoité. Triste de continuer à sentir tous les moments de complicité, les réflexes de douceur refoulé. Triste de sentir ces aiguilles de douleur qui déchirent le cœur à chaque manifestation d’affection.

Triste de reconnaître qu’on n’était pas prête quand c’était le temps et que notre amour assumé arrive trop peu trop tard.

Je taime

19 septembre 2008

Plonger

Arrêter de résister. Ne plus inventer de théories menant loin de lui. Laisser s’installer la certitude que ma route passe par ses bras, peu importe pour combien de temps. Accepter le besoin oppressant de me déposer. Assumer le besoin de sa présence à mes côtés. Accepter d’avoir envie de partager ma vulnérabilité. Reconnaître les contradictions, les doutes, l’ambivalence. Comprendre l’impossibilité de trouver la réponse toute seule. Être prête à affronter le refus, le rejet. Prendre le risque de me tromper… encore. M’ouvrir à l’évidence et laisser s’installer les désirs incessants. Cesser de me battre contre mon cœur, aussi complexe soit-il.


Et attendre impatiemment son retour.

15 septembre 2008

Lui ?

Et si ce n’était pas lui ? Et si c’était plutôt ça ? Et si cet homme qui alimente tant l’imaginaire n’était en fait que la représentation de la relation idéale. Et si son magnifique corps ne servait que de support visuel à vos rêvasseries ? Comme si on utilisait une base intéressante, qu’on jetait du flou sur les zones d’ombres, qu’on mettait l’accent sur la lumière et qu’on ajoutait toutes les situations futures possibles. Un peu comme un travail de photoshop. Le résultat fait effectivement baver d’envie, ce qui n’est pas nécessairement le cas de la réelle personne qui était sur la photo de départ. Et pourtant, même en étant complètement lucide, la torture n’est pas moindre, le désir pas moins réel et l’envie de faire délibérément le mauvais choix subsiste cruellement.

Renoncer

On a toutes et tous déjà du mettre fin à une relation passionnée mais trop déchirante. Une relation qui ressemblait étrangement à un trip d’héroïne : l’extase totale suivie de la chute au millième sous-sol. La typique relation où l’autre est disponible aléatoirement et où les retours d’appels se font suivant une logique qui nous échappe. Ce fut généralement difficile, la force des bons souvenirs faisant souvent ombrage à tous les manques de considération.

Comble du déchirement ? Peut-être, jusqu’à ce qu’on doive renoncer à une relation qui n’est pas bonne pour nous, avec un mec absolument magnifique, où l’extase physique est au rendez-vous, avec un homme présent quotidiennement, qui fait sentir constamment que vous êtes une femme belle, magnifique et hors du commun, qui vous aime exactement comme vous êtes, qui est prêt à s’engager, qui est supportant, aidant, qui va au-delà de vos besoins.

Mais qui éprouve certaines difficultés à tracer ses limites, à déterminer ses frontières, qui par sa présence intense vous amène dans les abimes de vos peurs, qui par son intensité suscite la panique. Malgré l’envie oppressante de posséder à nouveau son corps, malgré l’espoir incessant d’un futur commun, la raison s’impose de plus en plus et le renoncement, déchirant il va sans dire, devient le seul chemin possible.

Déception

Observer... s’approcher lentement... doucement... à petits pas. Désirer... respirer... attendre... ne pas brusquer... se faire petite. Avancer... reculer... hésiter... laisser venir... apprivoiser... désirer ardemment... ne pas brusquer. Écouter... regarder... sentir... être patiente... profiter de chaque contact. Observer l’infini beauté... respirer la virilité... imaginer la peau brulante... ouvrir son cœur... accueillir les peurs et les doutes... laisser grandir le désir... se faire violence, attendre.

Puis enfin se blottir dans ses bras et toucher sa peau pour constater que la chimie ne passe pas, que la connexion ne se fait pas, être déçue. Et pourtant, continuer à désirer, à espérer en sachant très bien que l’extase physique ne sera jamais au rendez-vous.