24 juin 2008

La bible

Pour M. le Don Juan.

Incroyable, à quel point certaines personnes ont toujours quelque chose à dire sur nos actions et nos sentiments. Toujours prêts à commenter les épisodes de notre vie, une phrase tout faite n’attend pas l’autre. Comme s’il existait un recueil dans lequel on retrouve la phrase parfaite pour chaque occasion, la liste des bons choix et des mauvais choix. Comme si ces réponses pouvaient être universelles et s’appliquer à tous.

Pourtant, lorsque les gens qui nous entourent commentent notre vécu, ils le font à partir de ce qu’ils sont, de leurs propres résonances. Ce qu’on vit fait vibrer, chez les autres, des souvenirs, ravive des blessures, confronte des choix de vie. Les « comment ça que ça marche jamais, vas-tu finir par trouver le bon », « Ça fait longtemps que c’est fini tu ne devrais plus avoir de peine » « avoir un autre enfant y penses-tu ? » etc. sont des phrases qui sont liées à l’histoire de votre interlocuteur, pas à la votre. C’est votre histoire qui résonne sur SES peurs.

Sans oublier que chaque être humain possède un garde-robe dans lequel il a enfoui les événements moins glorieux de sa vie. La seule différence c’est que certains gardent la porte fermée alors que d’autres en font des visites guidées et assument le contenu.

Seule la personne concernée sait ce qui est bon pour elle et seule cette même personne peut choisir de le faire ou pas…

16 juin 2008

Incompatibilité ?

Se pourrait-il qu’avec certaines personnes, malgré des sentiments apparemment forts, il soit impossible d’être nous même, de se laisser aller, de laisser s’exprimer toutes nos facettes. Se pourrait-il qu’en présence du Merveilleux il nous soit impossible d’être nous même comme si automatiquement à son contact, une version censurée de nous même prenait la place ou pire une version déprimée et lourde. Se pourrait-il que tétanisé par la présence de l’autre, nous n’arrivions pas à exprimer notre côté sucré et que foudroyé par l’amour naissant nous n’arrivions pas à laisser notre sérieux de côté pour simplement se découvrir par le jeu. Comme si au fond de nous la certitude que cet amour est précieux appelait à faire les choses « comme il faut ».

Ce triste scénario pourrait s’articuler comme dans le conte suivant : Un jour comme les autres La Belle et le Merveilleux tombent dans les yeux de l’autre, la tendre certitude d’être arrivé quelque part s’installe tranquillement dans leurs cœurs. Les yeux dans le vague, les respirations difficiles et des sourires ineffaçables trahissent leurs sentiments. Les rencontres se succèdent et malgré que rationnellement tout soit en place pour bâtir une histoire solide et durable, une distance reste présente, un infime espace qui empêche leurs histoires de totalement s’unir. Le Merveilleux n’arrive pas à être relax, à faire le clown, à partager ses délectables réflexions, à être lui-même, ce même lui-même qui plait tant à La Belle. Même cette évidente énergie sexuelle qui émane de nos deux protagonistes ne s’exprime jamais totalement. La Belle n’arrive pas à lui jouer du piano malgré qu’il fasse partie intégrante d’elle-même. Son corps refuse de se laisser aller lorsque vient le temps de la danse malgré qu’elle ait été jusqu’à présent un exutoire de prédilection. Ses mots restent pris dans sa gorge, elle pour qui l’art oratoire est une seconde nature. Elle est incapable de lui écrire une lettre digne de ce nom, alors qu’elle est reconnue pour sa plume. Quelle douleur pour la Belle d’observer le merveilleux à distance et de confirmer que s’il pouvait être simplement lui dans l’intimité, elle serait plus que comblée, il serait plus qu’à la hauteur.

Est-ce que cette situation est inévitable et due à une espèce de chimie qui s’opère lorsqu’ils sont en présence l’un de l’autre ? Est-elle éternelle peu importe le chemin que la vie prendra ? Ou est-ce simplement un passage normal que créent la soudaine proximité et l’intensité de l’énamourement ? Est-ce qu’au bout d’une période d’adaptation, d’un intense exercice de lâcher-prise, les versions légères, sucrées et complètes des deux protagonistes auraient pu se côtoyer happily ever after ?
Est-ce que s’ils s’étaient réellement donné le temps de se faire le tour l’un de l’autre, un avenir différent aurait pu se dessiner pour eux ?

Romantisme

Malgré le fait qu’on n’ait jamais été si bien informés, les comportements sexuels à risque sont en recrudescence. Bien que notre tête ait compris le message, notre cœur semble être victime d’une erreur de codage. Tout se passe comme si l’ultime romantisme consistait à accepter une relation sexuelle non protégée, comme si l’ultime déclaration devenait « c’est correct on met pas de condom ». Tout ça en plus, dans un moment où l’excitation des sens empêche le cerveau de réfléchir adéquatement.

Et si on en avait marre de s’inquiéter? Et si l’ultime romantisme résidait dans la situation opposée ? S’il résidait dans un moment où Merveilleux annonce qu’il est allé acheter des condoms particuliers dans le but délibéré de vous faire l’amour, s’il résidait dans un moment de caresses exquises où d’un recule stratégique du bassin vous signifiez votre doute à Merveilleux sur la proximité de vos sexes respectifs et que vous saisissant la tête il vous signifie amoureusement que vous n’avez pas à vous inquiéter qu’il ne s’approchera pas outre mesure? Et si le foutu caoutchouc servait en fait à protéger votre couple naissant de vos passés respectifs, à signifier dès le début tout le respect présent, à signaler clairement que vous êtes dignes de confiance puisque vous vous comportez adéquatement?


10 juin 2008

Tenir l'instant

Tenir l’instant, l’asseoir sur des fragments de bonheur, agripper les parcelles de joie et se créer une réalité afin de traverser ce moment pourtant si délicieux. Ancrer l’instant sur des piliers de sourires et de plénitudes éphémères.

Puis, sur le chemin du retour, sentir cet instant fondre entre les doigts et laisser monter le frisson de vide grandissant.

Puis le corps s'est arrêté

Et-il possible que dans un élan de solidarité, le corps sentant proche la fin du coeur, inhibe lui aussi ses pulsions de désir ? Est-ce dans un soucis altruiste de laisser toute l’énergie nécessaire au cœur afin qu’il conserve un minimum de battements ? Ou est-ce que dans un élan de lucidité, il se rend compte que sans les battements du cœur, les pulsions de désir sont inutiles ?

Basculer

Incroyable qu’en un claquement de doigts, la vie puisse basculer si drastiquement, qu’en un battement de cil les yeux retrouvent leur lucidité et s’aperçoivent soudainement que le Merveilleux s’est transformé en invisible. Insupportable, le poing au cœur qui indique cruellement le passage subit de la félicité à la douleur infinie

4 juin 2008

Pleurer

Laisser s’écouler les soubresauts de vulnérabilité. Pour une première fois, ne pas enfouir la peine sous des torrents de colère, ne pas laisser déferler des ouragans de rage qui ne servent en fait qu’à camoufler la tristesse, qu’à sauver des apparences trompeuses. Laisser les yeux se remplir de chaudes larmes témoignant aux yeux de tous, la profondeur des sentiments. Laisser l’égo de côté et assumer que dans les bras de cet homme on aurait voulu se déposer la tête, rendre les armes. Pleurer et être submergée de fierté, sentir enfin l’humanité émerger. Laisser la peine couler dans les veines et sentir enfin la vie traverser son corps. Accueillir chaque nouvelle sensation et enfin, sentir son cœur s’ouvrir.