25 novembre 2009

Les adieux

La fin d’une relation mérite autant de soins et d’attention que sa durée… dixit la sexologue de Tell me you love me…

Cette très belle citation pourrait expliquer ces adieux tardifs qui ont eu lieu presque une demi-année après la fin effective de cette histoire sans fin…

Prendre le temps de se dire. De tout dire. De répéter même. De reposer des questions qu’on sait sans réponse. Souffrir durant ce court moment qui semble une éternité. Retrouver, ressentir exactement ÇA, LUI, identique au délicieux passé. Se déchirer de l’intérieur à cause de l’incongruence du ressenti et du discours. Respirer doucement dans ce cœur dont les lambeaux se multiplient à une vitesse faramineuse.

Réussir à ne pas emprunter le chemin habituel. Se faire violence et ne pas tirer sur le fil qui dépasse. Celui qui conduit inévitablement à l’espace entre le cœur et l’âme, là où on a toujours réussi à s’immiscer. Arriver, par une magie improbable, à rester dans son corps et à laisser l’autre confirmer la rupture. Sentir une force surnaturelle nous faire tourner les talons et nous permettre de quitter la tête haute.

Réaliser que bien au-delà de l’orgueil, cette histoire ne peut être viable si ce n’est pas LUI qui s’avance, qui propose. LUI qui initie, demande, courtise. Prendre conscience, aussi, que cette fin est réelle et salutaire et qu’elle signe la fin d’une époque, de plusieurs réflexes amoureux néfastes.

Mais, quand même, assumer son humanité et laisser la porte entrouverte. Juste assez pour laisser passer la lumière.

3 novembre 2009

La collection

Une gang de fille, un party, une discussion, une idée…

-On devrait cesser de chercher (ou d’attendre) un amoureux. On devrait se faire une collection d’amants.
-Une collection ?
-Ben oui, c’est pas mal moins compliqué d’avoir plusieurs amants qu’un seul.
-C’est clair, quand t’as le goût de baiser t’as le choix
- En plus, tu mets pas de pression sur le seul mec disponible, si t’en a 4 tu peux les appeler une fois par mois chaque
-Genre
-T’as moins d’attentes
-Tu t’attaches moins
-Ça te permet de combler différents besoins ; un plus tendre, un plus riche, un plus cute, un plus fougueux.
-On peut même faire du recyclage
-Excellente idée
-On fait ça
-Ok !

Vérification faite, la gang de filles est significativement déçue. La légèreté et le plaisir ne sont pas au rendez-vous. La volupté et la simplicité non plus ! D’abord l’approvisionnement est ardu. Passé 30 ans, le choix est moindre et le temps disponible pour le magasinage aussi. On passe moins de temps dans les bars qu’à 20 ans, on rencontre moins d’amis d’amis, on rencontre moins de monde au travail qu’à l’école etc. On se retrouve avec un ratio de baise chirurgicale frôlant le 100%. Est-ce que l’insatisfaction est liée à la difficulté de trouver des amants potables ? Peut-être. Est-ce que la déception de constater que même ces relations ne peuvent pas se dérouler simplement y est pour quelque chose ? Probablement. Est-ce la constatation étonnante que la bêtise humaine n’a pas de limite ? Possible.

Il se pourrait aussi que nos expériences passées nous aient procurés des sommets de plaisirs difficilement atteignables. Qu’habituées à la haute cuisine nous ne nous satisfassions plus de tv dinner. Qu’après avoir explorées mille et une combinaisons de caresses enlevantes avec un être unique, nous n’ayons plus envie de simples baises hygiéniques. Qu’après avoir senti l’irrésistible attirance d’une peau brûlante, nous n’arrivions plus à nous laisser aller à l’appel d’une caresse tiède. Qu’après avoir repoussé les limites du plaisir et vécu des explosions orgasmiques indescriptibles, nous souhaitions revivre la même intensité.

Reste à voir si la vie nous offrira d’autres rencontres divines ou si nous devrons tristement espérer que ces empruntes s’effacent sur nos corps.

Collection : 0 Espoir : 1

1 novembre 2009

Un jeu ?

En 2009, personne en bonne santé mentale ne pourrait argumenter que le port du condom est farfelu. Tout le monde (ou presque) en son âme et conscience est convaincu de la nécessité d’utiliser ce caoutchouc tout aussi désagréable soit-il. On ne verra jamais, dans un souper quelqu’un se lever et dire : « by the way, le condom c’est con et inutile, ça brise la magie, c’est juste bon pour les one nights avec des filles de 20 ans trop sexuées. » On n’entendra jamais, une gang de filles dire : « oui, mais quand tu le sens qu’il se passe quelque chose avec quelqu’un, c’est correct de faire confiance à ses feelings »

Alors pourquoi, dans l’intimité de la chambre à coucher, dans la proximité troublante d’un moment partagé, est-il si difficile de se résoudre à enfiler la fichue protection ? Pourquoi, l’impression de gâcher quelque chose, d’interrompre un moment parfait persiste-t-elle ? Peut-être parce que quand on vit un moment où chaque caresse glisse vers la suivante, où les corps d’emboîtent dans une étonnante perfection, où les bouches se cherchent et se trouvent avec la même succulente surprise, l’envie d’appliquer ce rythme naturel jusqu’au bout du corps est inévitable ? Quel bonheur de sentir le contact du sexe de l’autre, qui se rapproche, taquine, hésite, tergiverse, agace… Quelle exquise excitation que de se demander qui cédera le premier ? Quelle sensation que de surprendre l’autre à un moment où il ne s’y attend pas ! Ou d’être surprise quand on ne s’y attendait plus !

Peut-être parce que mettre un condom c’est vrai que c’est aussi plate que c’est nécessaire ? Malgré des explorations incessantes, on n’arrive toujours pas à trouver quel jeu en faire. L’installer implique d’interrompre, même pour quelques secondes, l’harmonie du moment. Un peu comme si quelqu’un criait : « attention ! attention ! voici le moment de la pénétration ». Se résoudre à l’utiliser implique aussi (souvent avec raison) à illustrer qu’on ne fait pas confiance à la personne avec qui on s’apprête à fusionner, son corps, son âme, son cœur. Paradoxe déchirant s’il en est un.

Ça ne serait ni responsable ni intelligent de boycotter le condom. Lors de baises chirurgicales, il est tout à fait vrai que ça ne fait aucune différence. Mais pouvons-nous minimalement nommer et assumer que lorsque que deux personnes connectent, le condom vient briser cette union. Pouvons-nous être clairs à l’idée, que ce n’est pas pareil et qu’on déteste ça même si nous l’utiliserons de notre mieux ? Qu’on aura beau lui donner tous le sens qu’on veut, il y aura toujours des instants où il faudra une volonté de fer pour se résoudre à être raisonnable.