27 février 2009

Ouvrir les yeux

Vient un temps dans la vie, où on perd ses illusions, où plus justement on accepte de cesser de s’en créer. On cesse de garder les yeux fermés et de s’inventer une réalité de peur de ne pas avoir la force d’assumer ce qui s’offre à nous. On se retrouve alors à vivoter, à éviter les grandes aventures de peur de perdre son chemin. En restant dans l’obscurité, on ne se rend pas compte qu’on reste en place. En vivant les yeux fermés, on maintient l’illusion qu’on est en sécurité et que rien ne peut nous arriver. Exactement comme un enfant fait disparaître les monstres sous son lit. On s’évite des heurts et des peurs, mais on y perd en sensations et en satisfactions.

En ouvrant les yeux, on s’assure que tout peut arriver et qu’on ne manquera rien. On accepte de suivre la nouvelle route en ne perdant rien du paysage, on ouvre grand les yeux et on les fixe sur l’horizon.

Ce phénomène s’applique parfaitement lorsqu’on fait l’amour. On peut garder les yeux fermés et se concentrer sur ses sensations. On évite les visions dérangeantes, les positions déroutantes les stimulis extérieurs, les grimaces de plaisirs du partenaire, on crée notre propre souvenir acceptable.

On peut aussi ouvrir les yeux, le plus grand possible, et se délecter de la vision de ce magnifique amant, épier son corps qui se fond au notre, sa peau, ses tatouages, ses bras, ses épaules, ses fesses, chaque parcelle de lui, chaque mouvement… Ouvrir grand les yeux et observer nos interactions, l’arrimage parfait de deux hanches, d’un sein et d’une bouche… Ouvrir les yeux et prendre le risque de surprendre son regard et de se perdre dans ses yeux.

16 février 2009

Laisser mourir

Laisser mourir un amour est douloureux surtout quand il est réciproque et qu’il regorge de toutes les promesses du monde. Il est étonnant de voir comment deux être humains qui se vouent un amour profond peuvent arriver à systématiquement détruire tout ce qu’il y a de beau entre eux

Ce qui est si douloureux ce n’est pas de vivre sans l’autre, c’est de réaliser qu’on a réussi à tout gâcher, qu’à coup de peurs et de tergiversations on a transformé cette délectable sensation en une horrible impression de fin du monde, que la confiance et l’intimité si délicieusement partagées ne pourront plus jamais exister.

Dès lors, laisser mourir cet amour devient la seule option. Il ne reste plus qu’à plonger au plus profond du désespoir en espérant qu’il mène à l’oubli.

10 février 2009

Par où ça fait peur

Nouvellement adepte du Trapèze volant, je réalise que pour réussir les mouvements, il faut aller « par où ça fait peur ». D’abord, dès le départ, le réflexe de survie commande de se cramponner à la plate-forme alors qu’on doit sauter dans le vide. Il faut ensuite combattre le réflexe qui dicte de garder la tête en haut pour lever les pieds dans les airs et basculer la tête vers la bas…puis lâcher les mains et s’élancer dans les airs. Se déplier au lieu de se crisper. C’est la seule façon de réussir le mouvement, mais aussi de ne pas se blesser.

Plus on retient le corps, plus on l’empêche de se déployer, plus on risque de se blesser. C’est la même chose dans la vie, plus on se retient plus on se blesse et plus on se blesse plus on se retient… Plus on résiste à quelque chose plus la peine est grande. Selon Jacques Salomé « Les peurs sont les nids où se cachent les désirs ». Lorsque que quelque chose nous fait peur, il faut aller dans cette direction. La peur est un guide vers le dépassement de soi, vers la croissance, la transformation. Ce ne sont pas les peurs qu’il faut combattre, mais plutôt notre réflexe d’y résister. Lorsque terrorisé par un événement, une émotion ou une sensation, plus de questions à se poser, à hep on saisi la barre et on saute.

Momentum

Se pourrait-il que loin d’être uniquement une excuse pour les jeunes hommes incapables de s’engager, le timing existe vraiment ?

Que les trajectoires de deux individus se croisent durant un court laps de temps, rendant possible un mariage heureux mais qu’une fois ce moment de grâce écoulé, plus rien ne puisse y faire ?

Se pourrait-il même que l’irrépressible envie de tout mettre en commun avec une âme soeur s’évanouisse après une trop longue hésitation ?

Se pourrait-il que lorsqu’on arrête de se battre, qu’on accepte d’aimer, qu’on accepte de laisser aller les histoires compliqués, notre infini désir d’être avec l‘autre s’estompe assez pour remettre en question un éventuel retour en arrière et que la légèreté fasse un subit retour inattendu ?

Se pourrait-il après tout que l’amour ne soit que la rencontre au bon moment de deux timings semblables, qu’une infime période de grâce où deux étoiles filantes étaient au bon endroit en même temps ?