27 janvier 2010

Le bouclier

« prends ça cool », « ne t’attache pas », « méfie-toi »… autant de pensées ou de commentaires d’ami(e)s qui veulent votre bien et qui surgissent lorsqu’on rencontre une personne au potentiel alléchant.

On s’arme alors de notre bouclier pour laisser approcher, mais pas trop, cet être dont on ne sait encore rien, mis à part qu’il suscite fortement l’envie de réduire significativement(!) la distance qui vous sépare, de percer son mystère et de partir à la découvertes des chemins fréquentables.

Mais ce bouclier ? Sert-il réellement à quelque chose ? Si une armée d’éléphant s’amenait pour nous piétiner, ce bouclier de pacotille ne diminuerait en rien l’intensité de la douleur… Son seul effet mesurable est de nous empêcher de nous servir de nos mains et de laisser notre esprit s’élever. Mais qu’est-ce qu’on se sent fort derrière notre bouclier !

Pourtant, on aura beau se retenir tant qu’on veut, lorsque l’étincelle a jaillit, le processus est enclenché. Mettre les freins ne fera que diminuer le potentiel de moments intensément jouissifs et nous empêcher de profiter de chaque possibilité, de chaque rencontre. Cela dit, il n’est pas nécessairement recommandé de se marier à la première rencontre, ni de se jurer amour pour l’éternité ou encore de se présenter ses parents respectifs… Une retenue raisonnable, prendre le temps de respirer entre chaque bouchée de bien-être, entre chaque bouffée de bonheur, ne fera qu’amplifier les sensations agréables.

On se retrouve alors devant deux choix. Reculer, se cramponner, nourrir ses peurs ou se laisser emporter par le torrent en profitant des bienfaits de la vague. Dans les deux cas, la tristesse sera un jour au rendez-vous. Mais nul ne peut prédire si quelques jours ou plusieurs décennies se seront écoulées.

Et entre vous et moi, à ce moment, vos ami(e)s et votre surmoi seront trop impressionné(e)s par la quantité de bonheur vécu, par le chemin parcouru et trop touché(e)s par votre tristesse pour vous rappeler que vous étiez avertis !


« On se déroute quand on se rencontre, sinon on ne fait que se croiser » Boris Cyrulnik

17 janvier 2010

Ici et maintenant

Est-ce possible qu’une fois la mort absolue d’une partie de nous complétée, un nouveau moi amoureux naisse et remplace sublimement l’ancien moi blessé et cicatrisé ? Ou est-ce que cet état de félicité est plutôt du au fait que la connexion ne se rend plus au cœur, trop atrophié par les douleurs passées? Difficile à dire. Pourtant, peu importe l’explication, cet état favorise l’ancrage total et absolu dans le moment présent. Un état où les questions et les peurs brillent par leur absence, où tout ce qui compte est de maximiser le bien-être et le plaisir disponible dans cet instant présent si engagé.

Est-ce la peur qui persiste à faire planer l’inévitable rupture et qui oblige à arrimer dans le présent chaque élan, chaque sensation, chaque soubresaut du cœur ? Où est-ce une sagesse naissante qui arrive à point ?

Nouveau moi amoureux ou cœur déconnecté pour cause de surutilisation , l’avenir se chargera bien de répondre à cette existentielle question. Mais pour l’instant, dans l’absence d’attentes et de questions, une seule avenue s’ouvre devant : profiter un maximum de ce moment de béatitude.