13 août 2012

Je sais pas bon

À la seconde où vous vous êtes embrassés, vous auriez souhaité qu’il vous raconte en détail, chaque pensée vous concernant, qui a traversé son esprit, à partir du moment où il vous a aperçu. Vous auriez aussi voulu savoir, ce qu’il voulait, ce qu’il attendait de vous. Ce qui allait vous arriver.

Dans l’attente d’une rencontre subséquente,  vous avez scruté vos courriels. Frénétiquement, compulsivement, des milliers de fois par jour dans l’attente d’une déclaration claire. D’une explication minutieuse des sentiments et sensations qui vous reliaient un à l’autre. Ben tsé, s’il fallait que vous vous attachiez ?? Il vous plait déjà beaucoup. Vous avez peur de l’abandon. Une fille se protège.
Or, se pourrait-il, que dans ses mots, ce soit la confirmation de vos propres sentiments que vous attendiez ? Que le vertige que vous éprouvez ne soit pas du à l’ignorance de ce que ressent/souhaite cet homme. Que vous n’ayez aucune idée de ce que vous souhaitez et que dans un effort pour faire taire vos doutes vous projetiez vos questionnements sur lui ?
Et si vous essayiez d’assumer simplement l’incertitude ? Et si c’était correct de ne pas savoir. Et si la voie à suivre était simplement de prendre une rencontre à la fois, une journée à la fois, une respiration à la fois ? Et si on apprenait à écouter ce que son corps a à vous dire ? Et si on profitait de chaque journée avec ou sans message ? Et si on attendait la prochaine invitation pour simplement décider si on a envie d’y aller ? Si on a encore envie de l’embrasser ? Et si, pour faire changement, on se berçait dans le moment présent ?

Et si on acceptait de ne pas savoir ??

12 août 2012

La trahison

Alors que, depuis des semaines,  on casse les oreilles à qui veut bien l’entendre qu’il est "tellement"  et que c’est "si différent", et qu’on a  "incroyablement hâte"  à la prochaine rencontre et blabla bla. Il arrive souvent qu’on trébuche et qu’on tombe ( ou qu’on se jette, c’est selon) dans les bras et sur les lèvres d’un autre homme. Cet événement reste souvent un secret bien gardé, mais il suffit d’être attentif et de bien écouter les récits des amies pour se rendre compte de sa fréquence.  Sabotage ? Manifestation de notre incapacité à choisir le bonheur. Peut-être.


Mais :

Peut-être s’agit-il d’une façon de fermer une histoire, pour offrir encore plus d’espace au nouveau venu si prometteur. Ou une occasion de réfléchir à notre désir réel de fermer cette histoire.

Peut-être est-ce une maladroite tentative de se protéger d’un échec potentiel, de se faire croire (ou encore valider) que nous ne sommes pas totalement plongée dans cette histoire.

Peut-être pour ressentir la culpabilité et pouvoir plus facilement et naturellement être fidèle lorsque la relation sera officielle.

Peut-être pour s’assurer que si nous faisons le choix de nous engager dans une relation sérieuse ce sera par choix véritable et non pas par dépit ou par un désir plus grand que la réalité d’être en relation. Un peu comme si l’univers nous offrait un comparatif.

Reste que cet événement n’arrive certainement pas pour rien, et que le défi réside dans la capacité à comprendre ce que cette expérience cherche à nous apprendre. Ce qui ne nous empêche en rien de profiter du sourire béat que cette rencontre impromptue nous procure.

C’est donc avec beaucoup de curiosité, mais un regard différent, qu’on aborde la rencontre suivante. Et ce n’est pas nécessairement plus mal.

9 août 2012

Moment présent

Pour mon amie F... comme suite à notre discussion...


Fou comme on sent le besoin de caser les choses. Un mot pour chaque objet, un titre pour chaque personne. Même les nouvelles relations y passent. On en vient parfois presque, à faire signer un contrat au Nomade qui a à peine pointé le bout du nez dans notre vie. Pourtant, lors des premières rencontres, il est impossible de prévoir la suite. On peut réfléchir à ce qu’on veut, à ce qu’on ne veut pas, à nos limites. Mais ensuite, bien malin qui pourra prédire ce qui émergera d’une nouvelle rencontre.

Reste à se poser une question toute simple : « ai-je envie de m’approcher encore ». Plusieurs déclinaisons sont possibles : « ai-je envie de le revoir » « ai-je envie de le connaître plus ? » Mais au final, on revient à la même question : « ai-je envie de m’approcher ? » Bien sûr cela implique de s’ouvrir à l’inconnu, de prendre des risques. Le risque que l’autre personne ne soit pas au même endroit que nous, n’ait pas les mêmes attentes mais aussi le risque d’emprunter une autre trajectoire que celle prévue, le risque de se transformer au contact de l’autre. « L’amour nécessite qu’on prenne une chance » dit toujours ma belle amie E.

Si l’on décide de ne pas tout caser dès le début, si on prend notre courage à deux mains et qu’on accepte de prendre les rencontres une à une, une grande partie de la solution réside dans la capacité à habiter le moment présent, à ne pas se perdre en prédictions et en planifications. On peut alors savourer chaque seconde de chaque rencontre et observer quelle place prend naturellement cette nouvelle personne dans notre vie. On peut continuer d’apprécier notre vie « d’avant », celle qu’on a minutieusement crée et ainsi laisser doucement les choses se transformer sans sentir la panique nous envahir parce que les choses basculent du jour au lendemain.

Plus facile à dire qu’à faire ? Certainement ! S’ancrer dans le moment présent n’empêche pas d’avoir hâte au prochain moment présent partagé ni de souhaiter que dans son moment présent à lui, s’immisce l’idée de notre absence, l’envie de faire des pas vers ce nous malgré tout rêvé.