24 juillet 2013

Regarder dans la même direction



« Selon la façon dont deux personnes rêvent, elles créent ensemble la direction commune de ce rêve que l’on appelle une relation. (...) Chaque relation devient un être vivant concrétisé par deux rêveurs. »
-Don Miguel Ruiz, La maîtrise de l’amour.

« Nous ne regardons pas exactement dans la même direction. » -Le Viking, dernière missive.

Mais est-ce nécessaire de fixer le même point d’horizon pour qu’une relation puisse exister ? Probablement que ça aide de regarder du même côté. Mais loin d’être un obstacle, ne pas regarder exactement au même endroit ou de la même façon est une richesse. Tenir la main de quelqu’un qui ne voit pas la même chose que nous, nous oblige à élargir le regard et par le fait même à ouvrir notre esprit, à agrandir notre conception de la vie, ça permet de voir des paysages qu’on n’aurait jamais vu seul, de se découvrir l’envie de dévaler de grands chemins qu’on ne croyait pas exister. Bien entendu, plus on a d’options, plus c’est difficile de choisir. Mais quelle chance de voir les avenues se multiplier devant nous.

Confrontant, cet horizon qui s’ouvre à nous résonne sur qui nous sommes et permet à des côtés de nous qu’on ne connaissait pas d’émerger. Évidemment, on peut se sentir vulnérable lorsqu’on sent naître à l’intérieur de nous, une personne qu’on ne connaissait pas. Prendre le temps de l’accueillir et d’écouter ce qu’elle a à proposer est clairement déstabilisant. Accepter de mettre notre plan de côté, du moins le temps de réfléchir aux nouvelles possibilités, peut nous bousculer.

Pourtant, deux directions légèrement différentes permettent un rêve plus grand, plus fou. Plus vertigineux, mais n’est-ce pas plus intéressant ainsi ? 

Crédit Photo : Le Viking

12 juillet 2013

Le moment présent

Difficile de trouver un concept plus à la mode que le moment présent. Tellement, qu’on commence à en perdre le sens.  Le moment présent ce n’est pas un justificateur de bullshit ni un prétexte pour fermer les yeux sur ce qui ne va pas. Ce n’est surtout pas une bonne raison pour faire semblant que tout va bien alors qu’une situation nous bouscule voire même nous blesse. En aucun cas, le moment présent nous évite de faire des choix.

Vivre le moment présent, c’est développer la capacité à être pleinement conscient de ce qui se passe pour nous, dans le coeur, dans le corps, dans l’esprit, ici et maintenant. Sans exclure les sensations moins agréables ou les émotions confrontantes. On ne se projette pas dans l’avenir, on ralenti les pensées, les scénarios irrationnels, mais on n’écarte pas le sentiment qu’il est peut-être temps de partir ou encore qu’on a envie que ça se poursuive dans l’avenir. Une fois qu’on a identifié ce qui se passe, on respire et on laisse exister tout ça en observant ce qui va se passer et comment ce qu’on sent va se transformer.

Le moment présent ce n’est pas une façon de compartimenter sa vie et de nier les conséquences de ce qu’on est en train de vivre. C’est au contraire une occasion de sentir pleinement chaque partie de nous, chaque sphère de notre vie, cohabiter.

Dans une situation au hasard... disons... une nouvelle relation amoureuse... on pourrait par exemple prendre conscience de la peur qui nous habite sans se laisser emporter dans un scénario sans fin qui nous mènera à l’abandon ou encore reconnaître la tristesse qui se fait sentir peu avant le moment du départ sans pour autant de laisser submerger ni imaginer qu’on passera  la semaine à pleurer toutes les larmes de notre corps. On pourrait même, rejoindre le moment présent de l’autre et lui partager ce qu’on est en train de vivre ici et maintenant.

Loin d’être une fuite, le moment présent c’est l’occasion de vivre une rencontre authentique, d’abord avec soi-même, puis ensuite avec l’autre.

5 juillet 2013

Entre-deux


Pas facile de vivre une relation fluide et harmonieuse dans laquelle on peut s’épanouir. Pas facile de bien communiquer, de faire des compromis, de vivre le quotidien. On est d’accord ? Pourtant ce n’est pas le plus difficile dans une relation amoureuse. Ce qui est le plus difficile dans une relation c’est les moments où on n’est pas ensemble.

Dans une histoire qui se déroule relativement bien, les moments passés ensembles sont simples et léger. On profite du temps qui passe, on savoure chaque instant. C’est quand on se sépare ou lors des moments qu’on ne passe pas ensemble que l’anxiété s’installe. On se met à douter dans tous les sens. On se demande si on était réellement bien avec l’autre, on s’inquiète qu’il ne donne plus jamais de nouvelles, qu’il rencontre quelqu’un d’autre, on se demande si notre vie pourra s’arrimer à la sienne un jour, si on mérite cette relation... ici un ETC s’impose parce que l’esprit humain, surtout quand il est amoureux, a une capacité sans fin à s’inventer des questionnements pas toujours sensés.

Pour remédier à la situation, plusieurs personnes vont sombrer dans la fusion, se voir tout le temps, se texter des milliers de fois par jour, cesser toutes les activités qui ne sont pas communes. Si cette fusion sert la création du lien pendant un certain temps, à long terme, elle contribue à l’étouffer quand l’envie de retrouver son soi-même se fait sentir plus fort que la rassurante fusion. Alors que d'autres vont mettre fin rapidement à toute relation ou faire du sabotage pour éviter de vivre ces inconforts.

L’autre solution consiste à prendre conscience de ce qui est en train de se passer, d’observer ses mouvements intérieurs et de départager ce qui nous appartient et ce qui est lié à l’autre. Une fois qu’on sait ce qui nous manque véritablement lorsqu’on se retrouve seul, c’est notre responsabilité de prendre soins de ce manque. Bien entendu, nommer à l’autre ce qu’on vit et formuler certaines demandes pour faciliter ces transitions est aussi une option. Créer une relation où la transparence et la communication occupent une place de choix est un ancrage non négligeable pour ce fil qu’on essai de faire exister. Le défi consiste à trouver le fragile équilibre entre ce qu’on demande à l’autre et notre capacité à nous auto-réconforter.

3 juillet 2013

Choisir


"On peut pas passer sa vie stationné en double, un jour il faut descendre de sa voiture et mettre de l'argent dans le parcomètre" Nadine Bismuth

« On peut pas tout avoir dans la vie. » C’est une des rares phrase sensée que j’ai retenu de ma mère. Mais c’est si vrai. On a la chance de vivre dans un  monde où on a le choix. Où on a beaucoup de choix. Presque trop de choix. Tellement, qu’on fini par essayer de tout avoir par peur de manquer une opportunité.

Le problème, c’est que quand on ne choisit pas, on manque aussi quelque chose. Tout se passe comme si on allait faire de la randonnée dans les Adirondack pendant quelques jours (dans les Chics Chocs ou dans le parc de la Gaspésie pourrait être autant sinon plus approprié) et qu’on voulait faire tous les sentiers. Comme c’est impossible, en refusant de faire un choix, on se retrouverait à faire tous les débuts de sentiers. Ridicule non ? De cette façon on n’aurait pas besoin de choisir mais on ne verrait aucun sommet. Voir un sommet, demande de faire d’abord un choix, puis des efforts. On finit par avoir soif et un peu mal aux jambes et on est même essoufflés par moment. Pire, on se met à douter, à se demander si ce choix est adapté à nos capacités ou si on aurait pas pu en choisir un meilleur. Mais généralement, rendu au sommet, on se tait, le souffle coupé par la vue. Peut-être qu’un autre sommet nous aurait permis de voir une vue encore mieux ou différente, Il est aussi possible que le sommet soit décevant. Il n’y a aucun moyen de le savoir avant. On peut choisir de visiter plusieurs débuts de sentiers si c’est ce dont on a envie, il faut simplement le faire en pleine conscience et ne pas penser qu’on parviendra au sommet de cette façon là.

" Il vaut mieux aller plus loin avec quelqu'un que nulle part avec tout le monde" Pierre Bourgault