25 octobre 2014

Le combat


La lutte fut terrible. Avec courage et force, la princesse terrassa le dragon. Ou plutôt les dragons, puisqu’à chaque coup d’épée, une tête repoussait, à chaque coup de poing, ils se multipliaient. Déterminée à en finir avec ces montres qui la terrifiaient depuis aussi loin qu’elle se souvienne, elle plongea au fond d’elle-même et arracha toutes les racines qui nourrissaient la terreur. Au passage, elle rompit les liens malsains avec sa lignée de femmes. Toute seule. Grande et forte. À aucun moment elle ne laissa la peur l’envahir.
Maintenant c’est la nuit. La princesse est recroquevillée par terre, devant sa tour. Translucide de fatigue, elle émet tout de même une faible lumière blanche. Le corps en champ de bataille, elle panse ses plaies. Ni triste ni en colère, elle n’a pas assez d’énergie pour la joie. Immobile, rien n’existe à part un minuscule instant présent pas plus gros qu’une étincelle. Reste à voir si le prince tant espéré aura vaincu ses dragons de son côté et viendra doucement se blottir contre elle, connectant ainsi sa lumière à la sienne tout en posant son beau coeur sur le sien qui bat encore. Malgré tout. Ou si le temps lui permettra de regagner suffisamment de force pour se transformer lentement en ange lumineux.

5 octobre 2014

Le beau et le terrible

Une fête d’ami(e)s qui bat son plein, la pluie, le froid, mais des gens qui s’aiment réunis pour célébrer la fin de la chimio d’une battante extraordinaire. On a cessé de compter les paradoxes depuis longtemps. La tristesse et la colère refoulées côtoient la joie et le bonheur tout simple. La vie pétille, la mort pas si loin même si reportée assez loin pour qu’on se permette d’être soulagés.

Un élan qui ressurgit, cette envie d’être consolée, de digérer à deux toutes ces émotions. Mais il n’est pas là, on le sait bien.

Et dans ce tourbillon d’intenses émotions, on prend conscience de la force de ce cercle de femmes, de ces amitiés indescriptibles qui se sont tissées chacune à leur façon mais qui sont indestructibles. Ces liens qui font qu’au fil des événements douloureux, le beau émerge toujours. Inextricablement lié au terrible, à la douleur vive.

Malgré l’envie que le beau grand coeur qu’on s’active à oublier nous réconforte, là au milieu de cette fête, on réalise que les véritables piliers sont là, pas loin dans cette pièce, ou présents au fil des jours. À travers les événements ordinaires.

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Un souper d’amies, le dimanche. Tout le monde met la main à la pâte pour préparer un repas qui sera délicieux malgré (ou à cause ?) de sa simplicité. La discussion jamais ne s’arrête, le nouveau bonheur amoureux de l’une est célébré sincèrement par les autres, même si plusieurs ont le coeur en berne. Le besoin de se taire de certaines trouve sa place dans l’envie de partager des autres. Les déceptions amoureuses côtoient le cancer et les frasques d’un adolescent. Chaque parole est reçue, chaque rire est complice. Les silences sont réconfortants. La vie s’exprime simplement et librement dans ses extrêmes.

Et c’est ainsi que le beau et le terrible se côtoient sans fin, dans une danse époustouflante, déroutante mais assurément magnifique.


Pour mes ami(e)s, pilliers irremplaçables, chacun(e)s à votre façon.