27 mai 2014

La douceur

On a souvent théorisé sur la douceur, on a affirmé que ce n’était pas de la faiblesse, que c’était une qualité, que c’était nécessaire, à développer, à rencontrer etc. etc.


Mais une fois qu’on y touche, on réalise que rien de ces discussions ne pouvait nous préparer à ce qu’on ressent à son contact.  Une douceur qui, effectivement est bien loin de la mollesse, de l’effacement, de l’évitement. Une douceur qui contient une force et une présence inébranlable. On a beau douter, retomber dans ses failles, tempêter, lorsqu’on ouvre les yeux, ou les sens, on le retrouve toujours là, au même endroit. Si doux, si tendre, que la fuite, réflexe habituel, semble une avenue ridicule et inutile. Si fort, si ancré, qu’on a envie de mettre notre main dans la sienne pour emmêler nos racines respectives. Sans panique, sans appréhension, juste doucement, mais fermement.

On mesure enfin le sens de l’expression « mots doux » lorsqu’on retrouve dans ses mots une évidente tendresse, une solidité, une justesse qui rassurent chaque fois sans tomber dans le piège du mielleux et du crémage éblouissant.

Et chaque fois qu’il se penche sur nous pour déposer un baiser, une caresse ou simplement le poids de son corps, on peut lire dans ses yeux un mélange presque irréel de douceur et de fougue qui suffit à alimenter la patience et à anéantir les peurs qui pourraient subsister faisant place à des milliers de désirs tous plus inspirants les uns que les autres.

10 mai 2014

Les mots usés

Vient un  moment où on  n'ose plus trop mettre de mots sur ce qui se passe. Comme si toutes les fois où, habitée d’une intensité indomptée et inconsciente, on avait nommé exagérément ce qu’on vivait avec les hommes de passage,  on avait émoussé la signification de ces mots. Alors que maintenant pour la première fois, à l’orée de cette déroutante histoire, ils prendraient véritablement leurs sens.

On se sent un peu comme le petit garçon qui criait au loup. Maintenant que le loup est là beau, grand fort (pas si grand mais bon) et qu’on se sent prête à danser avec lui, les mots manquent parce qu’ils ont été usés lors d’histoires précédentes.

On ressent quelque chose qui ressemble à la honte en relisant des correspondances passées, comme une impression d’avoir gaspillé ces mots. On va même jusqu’à envisager effacer tous ces textes rédigés dans des moments d’effervescence. On se sent un peu stupide, même, de s’être emballée pour si peu.

Mais on a surtout peur de nommer intensément une histoire qui pourrait, comme les autres, s’évaporer et laisser peu de traces.