Subitement, sans aucune raison, la princesse
réalise qu’elle s’est trompée. Que cette fois-ci ce n’est pas la même chose. Même
si de l’extérieur on peut penser que le chevalier s’est sauvé en lui brisant
les ailes, quelque chose dans l’air est différent. Il est encore là, ils sont
encore liés. Il cherche son chemin et fidèle à lui-même il a besoin de le faire
seul. Pas un besoin orgueilleux, un besoin viscéral et justifié de boucler
cette quête sans aucune aide extérieure.
20 juillet 2014
Erratum
Bien que triste et envahie par le manque, la
princesse est émue et touchée de ce qu’elle ressent. En plus, elle vient de
couper la tête à un dragon qui en a fait repousser mille. Elle sait qu’elle
doit trouver son point faible pour l’anéantir définitivement. Elle sait que ça
sera difficile. En fait chaque cellule de son corps est déjà habitée par cette douloureuse
quête.
C’est ainsi qu’elle consacre chaque jour à
affronter son dragon et qu’elle se permet chaque nuit d’aller se ressourcer
dans les rêves de son bien-aimé. Chaque matin, elle apprivoise le vide que son
départ laisse, chaque soir, elle assume sa vulnérabilité et va déposer sa tête
au creux de son épaule et savoure les baisers qu’il dépose dans son cou.
Beau paradoxe s’il en est un puisque pour la
première fois, la princesse accepte qu’elle pourrait à la fois combattre son
Dragon et tenir la main de son amoureux. Elle laisse trainer la sienne,
légèrement, pour le jour où il se sentira prêt à lier leurs quêtes respectives.
De toute façon, qu’est-ce que le temps devant
une rencontre si déroutante, devant un si beau coeur ?
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16 juillet 2014
Destination vacances
Règle générale, le concept de destination vacances est positif. Un
endroit où on va se reposer, où la légèreté est l’attitude privilégiée, où tout
est beau, facile, simple et surtout éphémère.
Pourtant c’est profondément douloureux quand on réalise qu’en plus d’être
une muse, on est justement une destination vacances. Être aussi magnétique qu’une
publicité de Club Med, attirer irrésistiblement les hommes vers nous est quand
même un avantage. Jusqu’à ce qu’on se rende compte que peu importe le prix qu’on
demande à payer ou qu’on précise avec moult détails qu’on cherche un résident
permanent, la trajectoire reste la même. L’admiration sans fin, les sentiments
exprimés haut et fort, la présence quotidienne, puis la distance qui s’installe
lentement, imperceptiblement si on avait pas l’habitude et enfin la désertion, la
fuite silencieuse.
Comme on s’habitue à tout, jusqu’à maintenant c’était tolérable. Suffisait
de rester lucide et de ne pas ouvrir son coeur tout à fait, de le faire juste
un peu, et de donner son corps sans retenu. Jusqu’à cette rencontre « coeur
à coeur » où on a mis son cynisme et ses peurs de côté. Où on a ouvert son
coeur et son âme le plus grand possible en partageant doucement, lentement et
consciemment son corps. Jusqu’à ce cri du coeur : « tu es la
plus belle rencontre de toute ma vie » qui a fait croire que tout était
possible, que l’on pouvait se libérer de son karma de passeur. Jusqu’à ce qu’on
laisse s’installer un espoir confiant qu’il était possible que cet Homme s’installe
véritablement sur notre magnifique île déserte.
Jusqu’à l’inévitable écrasement : Le silence qui déchire bien plus
que tous les mots possibles.
Reste une question : comment font-ils pour rentrer dans leur vie
sans regarder derrière ? Alors que moi je reste allongée par terre,
meurtrie durant une éternité ?
Reste une deuxième question : ne serait-il pas plus sage de ne
plus jamais accueillir de visiteurs ? Est-il humainement possible de faire
autrement ?
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