10 juin 2015

Ces amours-là

Il y a des blessures qui ne guériront jamais. Ou qui minimalement, prendront beaucoup de temps à le faire. Arrive ainsi un jour où on reconnait que nos « histoires d’amour » ne mènent à rien ou pire, contribuent à garder la blessure bien vive. On en vient à la conclusion que tout ça n’est pas pour nous, qu’on n'y arrivera pas.  La vie étant pleine de surprise, c’est ainsi qu’en croyant s’éloigner de l’amour on le rencontre sous des formes insoupçonnées, dans toute sa splendeur.

On remarque d’abord l’amour évident qu’exprime les enfants sous forme de mots tendres, de câlins infinis mais surtout dans les milliers de moments de complicité qui passent si vite qu’on aurait pu les manquer sans notre nouvelle aptitude à ouvrir grand les yeux et à saisir chaque instant.

On prend ensuite conscience de la profondeur des amitiés qu’on savait précieuses mais dont on n'avait pas remarqué l’infinie possibilité d’être non seulement authentique, mais d’être aimée de plus en plus à mesure qu’on se permet d’être soi-même.

Il y a aussi le vieil ami depuis toujours, qui de retour aux études, devient un coloc ponctuel permettant semaine après semaine les discussions personnelles, politiques, superficielles, ridicules etc, les fous rire, les confidences toujours empreintes de la même sincérité.

Arrivent ensuite les camarades politiques avec qui on sent qu’on peut aligner nos idéaux et travailler à changer le monde à coup de vérités partagées et de relations empreintes d’admiration et de doux respect.

Même le vieil amant avec qui on a vécu une relation déchirante et interminablement on and off revient dans le décor et se révèle sous un tout nouveau jour. On peut maintenant discuter authentiquement de soi, de la vie, de l’amour, de tout en fait, sans glisser dans la séduction et le flou qui s’en suit généralement. On peut même, si on observe bien, voir dans ses yeux une lueur d’admiration, d’approbation qui vient confirmer la valeur qu’on commence à s’accorder.

Et c’est comme ça, que tout simplement, seule, on touche à l’amour, le vrai et que le coeur explose de gratitude.

3 juin 2015

Cette fille là.

On parle souvent de l’homme qui a trompé sa femme. On l’accuse de tous les maux ou on comprend qu’il cherchait ce qu’il ne trouvait plus dans son couple, c’est selon. On parle aussi de la femme trompée, de sa douleur, de son sentiment de trahison. On conçoit à l’occasion sa part de responsabilité dans cette situation, son rôle dans la dynamique de couple qui  a mené à cette incartade.

On parle rarement de cette fille-là, de la tentatrice, de celle par qui le malheur arrive. On s’attarde peu à son vécu sinon pour présumer de son penchant pour le plaisir et la légèreté, de sa facilité à se détacher.

Si on me demandait mon avis, je pencherais plutôt pour la présence d’une blessure, d’une difficulté à s’engager doublée d’un immense désir de vivre à deux, de faire comme les autres. Je parlerais de la force de ce qu’elle a ressenti, de l’ampleur de ses sentiments envers lui, de l’impression d’avoir fait un « accident d’univers » qui l’habitait. Mais surtout, je soulignerais que ça fait beaucoup trop mal de se sentir abandonnée pour la "légitime" et que malgré l’authenticité et la profondeur du lien, plus jamais elle ne s’infligera ce degré de souffrance.