Vient un moment où on n'ose plus trop mettre de mots sur ce
qui se passe. Comme si toutes les fois où, habitée d’une intensité indomptée et
inconsciente, on avait nommé exagérément ce qu’on vivait avec les hommes de
passage, on avait émoussé la signification
de ces mots. Alors que maintenant pour la première fois, à l’orée de cette
déroutante histoire, ils prendraient véritablement leurs sens.
On se sent un peu comme le petit garçon qui criait au loup. Maintenant
que le loup est là beau, grand fort (pas si grand mais bon) et qu’on se sent
prête à danser avec lui, les mots manquent parce qu’ils ont été usés lors
d’histoires précédentes.
On ressent quelque chose qui ressemble à la honte en relisant des
correspondances passées, comme une impression d’avoir gaspillé ces mots. On va
même jusqu’à envisager effacer tous ces textes rédigés dans des moments d’effervescence.
On se sent un peu stupide, même, de s’être emballée pour si peu.
Mais on a surtout peur de nommer intensément une histoire qui pourrait,
comme les autres, s’évaporer et laisser peu de traces.
2 commentaires:
Je viens de terminer la frousse autour du monde tome 1, ça se termine grosso modo ainsi : Le voyage commence lorsque la peur s'estompe...
Les mots écrits, dits, ressentis avant, pavent la voie vers ce qui est là maintenant.
Je te souhaite d'avoir le regard aussi intense et l'acuité à tes antennes aussi fines qu'avant. Le reste?
Ce ne sont que des mots et ils décrivent, même si tu ne les nommes pas, ce que tu ressens pour vrai.
...
Je ne me rappelle plus qui dans les vieux sages chinois d'une époque bien lointaine a dit ceci, mais je trouve ça rempli de sagesse :
@L'expérience est une lanterne qui éclaire le dos."
Ouf... tellement, cette peur que tout s'efface malgré que l'on réinvente l'intensité des mots du mieux possible... que cette fois-ci, malgré la certitude, soit un mirage. La peur, la peur, la peur...
Enregistrer un commentaire