Règle générale, le concept de destination vacances est positif. Un
endroit où on va se reposer, où la légèreté est l’attitude privilégiée, où tout
est beau, facile, simple et surtout éphémère.
Pourtant c’est profondément douloureux quand on réalise qu’en plus d’être
une muse, on est justement une destination vacances. Être aussi magnétique qu’une
publicité de Club Med, attirer irrésistiblement les hommes vers nous est quand
même un avantage. Jusqu’à ce qu’on se rende compte que peu importe le prix qu’on
demande à payer ou qu’on précise avec moult détails qu’on cherche un résident
permanent, la trajectoire reste la même. L’admiration sans fin, les sentiments
exprimés haut et fort, la présence quotidienne, puis la distance qui s’installe
lentement, imperceptiblement si on avait pas l’habitude et enfin la désertion, la
fuite silencieuse.
Comme on s’habitue à tout, jusqu’à maintenant c’était tolérable. Suffisait
de rester lucide et de ne pas ouvrir son coeur tout à fait, de le faire juste
un peu, et de donner son corps sans retenu. Jusqu’à cette rencontre « coeur
à coeur » où on a mis son cynisme et ses peurs de côté. Où on a ouvert son
coeur et son âme le plus grand possible en partageant doucement, lentement et
consciemment son corps. Jusqu’à ce cri du coeur : « tu es la
plus belle rencontre de toute ma vie » qui a fait croire que tout était
possible, que l’on pouvait se libérer de son karma de passeur. Jusqu’à ce qu’on
laisse s’installer un espoir confiant qu’il était possible que cet Homme s’installe
véritablement sur notre magnifique île déserte.
Jusqu’à l’inévitable écrasement : Le silence qui déchire bien plus
que tous les mots possibles.
Reste une question : comment font-ils pour rentrer dans leur vie
sans regarder derrière ? Alors que moi je reste allongée par terre,
meurtrie durant une éternité ?
Reste une deuxième question : ne serait-il pas plus sage de ne
plus jamais accueillir de visiteurs ? Est-il humainement possible de faire
autrement ?
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