Après une baise plus que satisfaisante (il y a certaines combinaisons d’êtres humains qui ne trompent jamais), elle lui susurre coquinement à l’oreille «…c’était comment ?...» « euh, ben, euh, ben correct » Lui répond-t-il maladroit comme à l’habitude, avec les mots qui confirment leur intimité incontestable. « ha ha ha, tu parles d’une mauvaise réponse » Ose-t-elle lui répondre, forte de leur complicité, jamais perdue, même après des années d’effort.
En y repensant (souvent) durant les jours qui suivent, « ce ben correct » résonne dans sa tête, tourbillonne, repart mais revient toujours. Il fait naître un léger soupir au creux de la poitrine, tout près du cœur. Comme un balbutiement de vulnérabilité. L’humanité dans toute sa simplicité… Un dimanche soir moche, vêtue de mou, tourmentée de choix à faire… Sa silencieuse mais ô combien réconfortante présence… Un film collé… L’absence d’attente de prouesses inusitées… Les corps qui, fidèles à leur habitude retrouvent leur chemin l’un vers l’autre… Ce corps qui n’a plus de secret tant il a été exploré… Son odeur réelle qui ne se cache plus sous un voile de parfum… Son ventre tendre criant d’humanité que n’éclipse plus les épaules surentrainées et tatouées… un calme et une sérénité inusitées après tant de tempêtes et de déchirement…
Elle se demande s’il s’agit de sagesse ou de l’expression de cette désillusion profonde qui s’est ancrée à force de voir ses rêves s’écrouler. Mais clairement, «ben correct », lui apparait maintenant comme un critère tout à fait raisonnable pour sa prochaine relation amoureuse. Mais elle a la triste conviction que ce ne sera pas avec LUI. Cet impulsif caractériel idéaliste ne pourra jamais croire qu’elle n’attend rien de plus de lui, que sa présence quotidienne, sans artifices et sans pression.
5 juin 2011
Ben correct
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