14 mai 2011

Faire ce qu’il faut

Tout comme les parents d’un nouveau-né se lèvent plusieurs nuits avant de sentir que ce geste fait du sens, tout comme un nouveau sportif doit s’entrainer plusieurs fois avant de sentir l’irrésistible attraction des endorphines, les nouveaux amoureux doivent aussi parfois se contraindre à faire ce qu’il faut s’ils veulent se donner une véritable chance.

Quiconque a vécu l’expérience avec un nouveau-né saisit bien ce phénomène : une fois l’excitation des premiers jours (nuits) passées, pendant plusieurs jours-semaines-mois (c’est selon) on prend soin du nouvel arrivant par obligation. On se lève la nuit, change les couches, allaite, parce qu’il le faut. Convaincu de la valeur de ce qui est en train de nous arriver, on s’oblige à poser les gestes qui s’imposent. Puis, lentement, sans trop s’en rendre compte, ces obligations s’intègrent à la routine et nous transforment. Subtilement, insidieusement, à travers l’intensité du moment, la grande fatigue et les instants de découragement se construit un lien plus fort que tout. Cet amour qui nait et se solidifie jour après jour fini par atténuer significativement le degré de difficulté de ces nouvelles tâches. Ces nouveaux gestes si pénibles au début deviennent l’expression de notre amour et le véhicule de la création de ce lien si profond.

Lorsque qu’on fait une rencontre intéressante, lorsqu’on sent qu’un avenir pourrait exister, il arrive un moment où on doit faire ce qu’il faut, où on doit se faire un peu violence afin de créer de nouvelles habitudes. Se donner un temps déterminé avant de jeter la serviette, rappeler même si on n’en ressent pas nécessairement le besoin, réserver des moments à deux même si on aurait préféré rester tranquille à la maison, s’ouvrir, parler, écouter même si c’est parfois épeurant, etc. Tout cela ne se fait pas sans douleur, créer de nouvelles routines et faire de la place impliquent des deuils, des pertes. Si on persiste à ne faire que ce qui nous fait totalement envie, on finit par passer à côté de relations substantielles et significatives. On se résigne ainsi à collectionner les éphémères fleurs de printemps, alors qu’avec de la patience et un peu de bonne volonté on aurait pu se lancer dans la culture d’orchidée.

"Sans imagination, l'amour n'a aucune chance" Romain Gary

2 commentaires:

Moi a dit…

Wowww !!Tu as très bien résusi à me faire comprendre la création d'un véritable amour... Excellente comparaison.

Par contre comment savoir si c'est le bon? Comment savoir que tu ne t'aventure pas dans une mauvaise relation. Une relation malsaire. Comment choisir la personne qui mérites cet effort? C'est là que j'accroche :(

Unknown a dit…

Comme il est bon de te lire.
Je suis ravie de voir à quel point nos discussions t'inspirent... en plus de ta vie et de tout ce qui s'y passe.
Prends soin de toi!
xx