6 mai 2016

Huit

Huit.
C’est le nombre de fois où je t’ai halluciné. Le nombre de coureurs que j’ai pris pour toi dans un seul avant-midi. Des gros, des « autres ethnies », des lents. C’est dire la force de ma projection. C’est devenu ma normalité. Tourner sensiblement la tête à chaque humain qui semble marcher le moindrement un peu vite, au cas où ça serait toi. Pourtant, force est de constater que le temps a passé. Que je me suis remise de cet accident d’univers fracassant. Je suis rendue ailleurs comme on dit. Prête à accueillir un autre homme dans mes bras. Prête à m’investir, à ne pas me permettre de me demander ce que je ferais si tu revenais. La vie suit son cours, j’ai refait mon casse-tête. Un fichu  de  beau casse-tête qui déborde de bonheur et de réussites. Probablement que tes morceaux ne pourraient plus se mêler aux miens même si on essayait très fort, même si on les mélangeait de toutes nos forces. Je suis transformée, reconnaissante de cette histoire magnifique. Je ne me demande presque plus si tu es heureux. J’arrive à rester loin de toi, même en pensées.


Je m’explique mal pourquoi, alors, je tourne la tête si souvent dans une journée. Probablement pour me remémorer ta trace dans ma vie. Peut-être juste par habitude. Si on finit par se croiser, ne t’arrête pas. Desfois que tout ça serait plus fragile que je pense.

2 commentaires:

S4br1n4k a dit…

C'est fou comme on peut creuser son être pour faire de la place à quelqu'un d'autre et finir plus rempli de soi-même, lucide et mieux repéré dans ses failles. J'aime te lire, ça faisait longtemps <3

Unknown a dit…

Ton texte me fait penser au dernier livre que je viens de lire.
Les maison de fanny Britt.
Tout ce qui se passe dans notre tête quand l'autre n'est pas "réel" mais un souvenir...
Puissant.