1 novembre 2009

Un jeu ?

En 2009, personne en bonne santé mentale ne pourrait argumenter que le port du condom est farfelu. Tout le monde (ou presque) en son âme et conscience est convaincu de la nécessité d’utiliser ce caoutchouc tout aussi désagréable soit-il. On ne verra jamais, dans un souper quelqu’un se lever et dire : « by the way, le condom c’est con et inutile, ça brise la magie, c’est juste bon pour les one nights avec des filles de 20 ans trop sexuées. » On n’entendra jamais, une gang de filles dire : « oui, mais quand tu le sens qu’il se passe quelque chose avec quelqu’un, c’est correct de faire confiance à ses feelings »

Alors pourquoi, dans l’intimité de la chambre à coucher, dans la proximité troublante d’un moment partagé, est-il si difficile de se résoudre à enfiler la fichue protection ? Pourquoi, l’impression de gâcher quelque chose, d’interrompre un moment parfait persiste-t-elle ? Peut-être parce que quand on vit un moment où chaque caresse glisse vers la suivante, où les corps d’emboîtent dans une étonnante perfection, où les bouches se cherchent et se trouvent avec la même succulente surprise, l’envie d’appliquer ce rythme naturel jusqu’au bout du corps est inévitable ? Quel bonheur de sentir le contact du sexe de l’autre, qui se rapproche, taquine, hésite, tergiverse, agace… Quelle exquise excitation que de se demander qui cédera le premier ? Quelle sensation que de surprendre l’autre à un moment où il ne s’y attend pas ! Ou d’être surprise quand on ne s’y attendait plus !

Peut-être parce que mettre un condom c’est vrai que c’est aussi plate que c’est nécessaire ? Malgré des explorations incessantes, on n’arrive toujours pas à trouver quel jeu en faire. L’installer implique d’interrompre, même pour quelques secondes, l’harmonie du moment. Un peu comme si quelqu’un criait : « attention ! attention ! voici le moment de la pénétration ». Se résoudre à l’utiliser implique aussi (souvent avec raison) à illustrer qu’on ne fait pas confiance à la personne avec qui on s’apprête à fusionner, son corps, son âme, son cœur. Paradoxe déchirant s’il en est un.

Ça ne serait ni responsable ni intelligent de boycotter le condom. Lors de baises chirurgicales, il est tout à fait vrai que ça ne fait aucune différence. Mais pouvons-nous minimalement nommer et assumer que lorsque que deux personnes connectent, le condom vient briser cette union. Pouvons-nous être clairs à l’idée, que ce n’est pas pareil et qu’on déteste ça même si nous l’utiliserons de notre mieux ? Qu’on aura beau lui donner tous le sens qu’on veut, il y aura toujours des instants où il faudra une volonté de fer pour se résoudre à être raisonnable.

1 commentaire:

Unknown a dit…

Difficile le port du condom... Difficile de se respecter soi-même, car souvent on ne ressent pas "naturellement" le besoin de le porter.
Question de feelings... Question aussi d'être près de quelqu'un...
Comme mère je trouve difficile de "vendre" cet outil de préventions de toutes sortes...
Comment arriver à vendre quelque chose que soi-même on n'aime pas trop ???