3 novembre 2007

Les dangers de la cuillère

Après la brosse à dent, un autre objet du quotidien est souvent sous-estimé : La cuillère.

C’est exactement la même chose lorsqu'on se laisse prendre par un petit shooter de téquila . Pourquoi pas, se dit-on, puisque le rituel est exaltant : on lèche langoureusement la main saupoudrée de sel, on avale le liquide en renversant la tête vers l’arrière et on croque dans le citron en toussotant et en riant avec les copines. Rien de mal, que du bon? Détrompez-vous. Qu’elle envie irrépressible vous habite dès le moment où vous avez retrouvé l’usage de la parole ? Un autre shooter. Et voilà! Après un nombre que vous n’arrivez plus à calculer, vous vous réveillez le cœur au bord des lèvres, le cerveau dans le cirage et le vague à l’âme.

C’est exactement la même chose qui vous guette pour la cuillère. Après une extatique rencontre sexuelle vous vous surprenez à penser que ça pourrait être un beau complément. C’est un rituel exaltant, quelques minutes d’éternité avant la grande séparation. Et voilà ! Une fois votre corps incrusté dans celui de l’autre, ces quelques minutes se transforment en plusieurs et comble de malheur vous vous endormirez peut-être. Vous vous réveillez alors le cœur au bord des lèvres, le cerveau dans le cirage et le vague à l’âme

Il suffit d’une seule petite fois, d’un court instant où l’on baisse la garde et où on accepte pour que tout soit foutu. Pas même besoin d’y passer la nuit. Un court moment de sieste suffit et peut être fatal. La cuillère nous vole toute notre force. On devient vulnérable, douce, tendre, émotive, on se surprend à souhaiter la vie à deux, les nuits à deux, à imaginer l’autre déposer sa brosse à dent dans notre salle de bain. On chantonne en pensant aux doux moments partagés. On se rappelle à peine de la baise qui avait précédé. Bref l’essentiel est évacué par un moment de faiblesse. À la pleine lune suivante, on se surprend à souhaiter un week-end au lit, en cuillère. On se met à prendre milles fois par heures nos messages, à cuisiner des petits plats pour Charmant en souhaitant qu’un jour il les déguste à la même table que nous tous les soirs, que chaque journée se termine par ce moment de cuillère. On commence à penser que ces moments enlacés nous protègent de la cruauté de la vie quotidienne. On oublie qu’on a besoin de personne dans notre vie, qu’on est capable de sortir ses vidanges toute seule. On perd sa force, son indépendance, son jugement. Du coup, un moment en cuillère n’a plus de prix on est même prête à laisser tomber son orgueil et à demander à l’autre d’accueillir nos émotions, nos moments de vulnérabilité.

Ne vous laissez pas tenter. Après une baise, on se rhabille et on raccompagne l’autre à la porte. Si on ne peut résister, il est toujours possible de prendre un moment avec l’autre question d’être polie, mais jamais la cuillère. Vous blottir contre un corps après que vous ayez ouvert tout votre être durant la relation sexuelle c’est du suicide. Prenez ce qui est bon, savourez l’explosion de plaisir et sauvez-vous.

Sauvez ce qu’il reste de votre cœur pendant qu’il en est encore temps!

3 commentaires:

Monsieur l'adulte a dit…

Probablement logique lorsqu'on pense à se sauver la peau (et/ou accesoirement le coeur) mais oh combien froid et chirugical en même temps.. Simple curiosité, tu réponds quoi lorsque la cuillère t'es proposée?

Anonyme a dit…

Ma belle cynique... Je suis bien d'accord avec ton texte quand c'est pas le bon. Imagine-toi que des fois j'ai juste envie d'une cuiller et rien d'autre! Drôle de rôle pour un amant.

Mais je te souhaite de trouver celui qui assurera qu'il ne manque jamais de cuiller dans ton set... Celui qui sera là pour rester, qui allégera pour vrai ta vie.

Anonyme a dit…

Monsieur l'adulte : je dis oui !

Marlou: on devrait inventer l'amant cuillère