À l'époque où nous étions petites, où nous fréquentions la petite école, la chose la plus importante quand on avait le béguin pour un garçon c'était de garder ça secret. Bien sûr on le partageait avec sa meilleure amie, en lui faisant jurer “promis juré craché”, de ne jamais le répéter à personne. (D'ailleurs, la trahison ultime de la part d'une meilleure amie étant la divulgation d'un secret, plusieurs amitiés se sont terminées dans ces circonstances.)
Le pire cauchemar qu'on pouvait imaginer c'était que tout le monde dans la cour d'école se mette à scander : “ La Belle aime Charmant, La Belle aime Charmant, eh Charmant, La Belle elle veut se marier avec toi.... ahah, Charmant ! La Belle elle veut être ton amoureuse, elle veut avoir des bébés avec toi....ouhou les amoureux...eh Charmant, La Belle elle t'aime”
Notre amour, ou notre intérêt devait absolument rester secret. À cet époque c'était surtout dû à la gène et à la difficile cohabitation des gars et des filles qui malgré un intérêt évident pour le sexe opposé continuaient à le considérer comme le pire fléau du monde.
Cette époque est derrière nous, pourrions-nous être tentés de croire. On devrait plutôt envisager sérieusement le fait que cette peur est encore en nous, qu'elle résonne lorsque nous commençons à fréquenter quelqu'un ou même lorsque nous envisageons de le faire. Cette peur que tout le monde se lève et scande La Belle + Charmant est encore présente. Comme si ce que nous ressentions devait être caché, que ce soit désir, amour ou intérêt. Comme si cet élan envers quelqu’un allait nous fragiliser. S'il fallait qu'il le sache, d'une part, mais aussi s'il fallait que la cour d'école sache ce que je ressens. Pourtant, il n'y a rien de mal, au contraire à éprouver des sentiments, ou du désir pour quelqu'un. Maintenant que nous sommes adultes et que nous avons appris à cohabiter (ou presque) entre hommes et femmes, que peut-il arriver de bien dramatique? À part bien sûr se faire dire non, se faire rejeter. Si les sentiments ressentis sont positifs, que la majeure partie du temps, ils nous rendent heureuse, alors ce qui se passe est une bonne chose.
Devenus adultes, on devrait être capable de se lever debout devant la cour d'école, et attendre qu'elle nous provoque. Au premier “La Belle aime Charmant” on devrait simplement répondre : « oui. » Suivi d’un optionnel, « ça dérange qui ? ». Instantanément, les personnes présentes devraient se taire et leur chahut se transformer en murmure. Il m’est déjà arriver de répondre à une autre princesse lors d’une soirée de bal, un simple oui à sa question : « Est-ce qu’il t’intéresse ? », malgré l’absence d’intérêt dudit prince.
Devenus grands, nous pouvons assumer nos sentiments et leur permettre de nous nourrir, de grandir en nous, peu importe ceux des autres. Nous avons la force de les porter en nous comme des rêves ou des désirs qui se réaliseront peut-être ou peut-être pas. L'amour n'est pas une maladie honteuse, il en est de même pour le désir ou pour une quelconque attirance.
L'amour et le désir sont des émotions nobles, nous devons en prendre soin et les laisser nous habiter, c'est quand on tente de les nier, de les refouler, de les cacher, qu'elles nous dévorent.
9 septembre 2007
Le syndrome de la cour d'école
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2 commentaires:
wow!! La belle, c'est très bien écrit ton histoire. Les mots employés sont supers intéressants, ils rendent l'histoire pigmentée qu'on veut continuer l'autre ligne, et encore et encore... Bravo!! tu me surprends bcp je ne te croyais pas avoir un tel talent caché :)
Je continue les 2 autres Angie xx
La cour d'école n'est jamais très loin puisque qu'après tout être adulte c'est accepter qu'il y a peu nous étions simplement de grands enfants...
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