16 septembre 2007

Problème de transmission

Imaginez une voiture qui n’aurait que deux vitesses : la première et la cinquième. On pourrait comprendre l’angoisse du conducteur. Une fois le démarrage effectué, on n’aurait pas le choix de passer en 5e. J’entends déjà le bruit du moteur.

Actuellement, c’est la même chose pour les relations «amoureuses». C’est comme si on avait l’impression d’avoir le choix entre les vitesses 1 et 5 : la fuckfriend ou l’épouse. Alors, dès qu’une certaine complicité s’installe, dès qu’un solide respect est en place, dès qu’on ressent de la tendresse, on a l’impression qu’on doit absolument passer à la 5e vitesse, à la relation sérieuse, à la « vraie » relation. Certains choisissent de passer directement à cette étape pour ensuite se retirer parce qu’ils ne le sentent pas, d’autres déclarent forfait juste à y penser.

On ne retrouve plus actuellement dans notre société de modèle unique de couple, ce qui peut être déboussolant. Mais ce qui est fantastique c’est que les possibilités sont infinies. On n’a plus besoin, en 2007, de vivre une relation traditionnelle, même si la pression sociale est forte, même si les membres de notre entourage nous souhaitent le meilleur qu’ils connaissent : une relation stable, sérieuse et durable. Cette façon de concevoir les choses demande par contre beaucoup d’ouverture et de dialogue. D’abord, avec soi-même, pour être à l’écoute de ses envies et de ses limites. Ensuite, avec l’autre, afin d’arriver à déterminer un fonctionnement qui convienne aux deux. Cela demande aussi beaucoup de souplesse puisque ces ententes sont mouvantes et évoluent au fil du temps, selon les événements et nos états d’âme.

Il s’agit en fait d’être créatif et de prendre toutes les balises contenues dans ces deux statuts extrêmes et de les réfléchir une par une : - notre titre, la fréquence des contacts, la rencontre des amis, de la famille, des enfants -Qu’est-ce qui fait partie de notre relation? le sexe? les sorties? les activités sportives? les activités sociales? À l’intérieur de quelles limites voulons-nous vivre notre sexualité? Sommes-nous exclusifs ? Pouvons-nous avoir d’autres amants réguliers ? Des aventures ponctuelles? etc. Rien ne va de soi, tout peut se définir « à la carte ». Il y a trois vitesses entre la première et la cinquième et chacune a sa raison d’être. Il est important de garder en tête que lorsqu’on conduit une voiture, parfois, on augmente de vitesse et parfois il est tout à fait normal de rétrograder de vitesse afin de bien suivre la route. Il arrive aussi, dans certains trajets, qu’il ne soit pas indiqué de dépasser la 3e vitesse afin de se rendre à destination. La seule loi, c’est qu’on se doit s’être vrai avec l’autre personne, l’éclairer sur nos intentions et sur ce qu’on est apte à vivre pour l’instant.

Regardez autour de vous, il y a plus de variétés de relations que vous ne pouvez imaginer. Une amie d’une amie a un amant avec qui elle ne construit aucun projet mais qui fait les lunchs de sa fille! Une princesse de ma garde rapprochée se définit comme engagée dans une relation non traditionnelle avec un homme plus jeune, qu’elle voit de façon aléatoire. Le but de la relation c’est de se lier à une personne qui nous permet d’avancer, qui, par sa simple présence, participe à notre bonheur. Aucun modèle rigide ne peut convenir à l’ensemble des être humains. Nous sommes trop différents.

Il faut garder en tête qu’on décide pour aujourd’hui seulement. On ne sait jamais ce qui peut arriver demain. Il est sage de laisser de l’espace à la mouvance et de redéfinir au jour le jour notre relation. Choisir de ne plus revoir quelqu’un qui nous attire, avec qui on partage mille et un plaisirs, parce que ça va finir un jour et qu’on ne veut pas lui faire de peine, c’est comme si on s’empêchait d’acheter une voiture parce qu’on a peur qu’un jour elle brise. On serait mieux d’en profiter le temps où ça dure et d’apprécier chaque moment en sa compagnie. Il y aura inévitablement une fin, mais bien malin qui peut prédire combien de moments heureux se seront écoulés d’ici là.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

La subtilité des vitesses multiples, c'est bien beau dans l'absolu. Mais ne faut-il pas être drôlement solide et sûr de soi pour rouler comme ça. Surtout quand on est deux à conduire. Si on se limite à la première et à la cinquième vitesse, n'est-ce pas parce qu'on a peur de déraper, ou d'avoir le mal de mer... ;-) (Je n'ai lu que cette note, je vais voir les autres qui pourront peut-être m'éclairer...)

Monsieur l'adulte a dit…

Je viens de te découvrir, et décidément je reviendrai trainer ici :)

Marilou a dit…

Bonjour La Belle,

Premièrement, Félicitations pour ton site !
De mon expérience, je crois que la 1ère et 5e vitesse sont les seules que connaissent les hommes. Certains se diront ouverts d'esprit à la première rencontre et quelques jours après, ils te parleront de leur besoin d'avoir une femme dans leur vie, dans leur lit, dans leur maison (on s'imagine déjà entrain de laver le plancher..) et ensuite, avec le plus grand respect, t'offriront de t'aider à déménager, à vendre tous tes meubles, et peut-être même à te trouver de nouveaux endroits pour continuer tes activités. Et tout ça, en étant assuré de combler ton «manque».

Communiquer est la base de toute relation, encore faut-il «comprendre» et «accepter» les sentiments de l'autre. Et si les vitesses augmentent et rétrogradent, pourquoi ne pas s'arrêter sur le bord de la 40 pour discuter et essayer de se comprendre..?

Anonyme a dit…

Pierre-Yves: Bienvenu sur mon blog, bienvenu dans l'absolu.Tu as bien saisi mon propos. Il est souhaitable d'être solide et sûr de soi, de laisser ses peurs et ses vieux repères de côté.

Monsieur l'adulte : vous êtes plus que le bienvenu.

Marilou : Je rêve d'une autoroute bordée de véhicules qui discutent de la vitesse à prendre.

pi-fom a dit…

Je viens de lire un brin les dernières choses sur ton blogue et je trouve très intéressant ce que tu écris. Ça correspond beaucoup à ce que je pense en ce moment, justement, les relations à différentes vitesses, etc. Ça me plaît beaucoup.
Pour ma part, je m'intéresse depuis un moment à la philosophie du polyamour, j'ai lu dernierement une des "bibles" du polyamour (Ethical Sluts: A Guide to Infinite Sexual Possibilities), je lis aussi ce qui s'écrit sur le forum poly-mtl et je suis très étonnée par la profondeur des réflexions qui y circulent. J'essaie de vivre dans ma vie personnelle pas traditionnelle en ce moment les valeurs polyamoureuses qui sont celles de l'ouverture, de la non-possessivité, du respect des limites de l'autre, de la franchise et de l'honnêteté dans ces relations à différentes vitesses... où l'on essaie de se découvrir soi sans se définir par l'autre... J'aime bien les concepts qui y circulent comme la librésie (qui serait le contraire de la jalousie) et la transitivité (je l'aime, tu l'aimes, donc je l'aime aussi...).
Au plaisir de te lire!

Anonyme a dit…

Good for people to know.