30 septembre 2007

Rêver

Rêver est presque devenu une mission impossible. Ne pas rêver devient une façon de nous protéger, de ne pas se créer d’attente, d’accepter notre vie actuelle, même si on est insatisfait. Nous avons tellement peur d’être déçu, de nous engager que même en rêve nous hésitons, tergiversons. Lorsqu’on sent monter des images de ce qu’une relation pourrait être, nous les repoussons. Même nos idées nous angoissent. Même en images nous n’arrivons pas à nous laisser aller dans une relation.

Nous devrions nous entraîner à rêver, nous pratiquer à n’imaginer que le meilleur, que ce que nous souhaitons. Imaginer dans les détails, exactement ce que nous voulons. Imaginer égoïstement ce que pourrait être une histoire d’amour, sans fixer préalablement le choix du partenaire. Prendre le temps de rêver la relation idéale une vitesse à la fois.

Souvent on ne se permet que des relations ordinaires, sans piquant. Il est essentiel qu’on puisse au minimum rêver tout ça dans sa tête : les messages textes aguichants à tout heure du jour ou de la nuit, les courriels érotiques, les visites surprises, les cadeaux déposés à la porte, les journées de travail ensemble chacun sur son projet en sentant la vibration de l’autre dans la pièce, les siestes intimes inopinées, les dîners où on a autre chose à déguster que son lunch, les escapades aux pommes, les invitations à souper à la dernière minute, les visites éclair où on laisse l’autre sur sa faim. La spontanéité, l’ouverture, la lumière. À force de rêver, on finira bien par passer à l’acte.

Oser rêver loin et grand, même si ça coince, même si notre cœur se tort de peur juste en évoquant la possibilité de rêver tout ça : la maison, la pièce de méditation, la grande salle à manger pour recevoir les amis, la salle de bain avec marchepied et poignées, le grand lit partagé, les bureaux séparés, les messages surprenants collés dans des endroits surprenants, le chalet, les vacances au coin du feu à lire chacun son livre, les moments passés au piano, l’intimité extrême et la poursuite de notre individualité, les projets partagés et ceux jalousement gardés pour soi. L’heureux mélange de proximité et de distance, l’équilibre parfait du moi et du nous, du quotidien et de l’extraordinaire.

Rêver même s’il y a de faibles possibilités que ça arrive un jour, sans s’attendre que ça arrive, rêver dans la liberté de notre imaginaire. Rêver pour multiplier les scénarios qui s’offrent à nous, pour pouvoir découvrir et éventuellement reconnaître des avenues qu’on n’avait pas cru possibles avant. Rêver pour entraîner son cœur à se laisser aller au bonheur, à ne pas se refermer à la moindre parole qui laisse poindre une ouverture vers la durée, vers une réelle intimité. Rêver pour se donner des choix. Rêver pour créer des mondes qui autrement n’existeraient pas.

Rêver pour survivre au quotidien qui nous limite et nous garde prisonnier de nos habitudes et d’un monde dont on a fait cent fois le tour. Rêver pour créer des sorties et enfin atteindre une vie à notre hauteur.

3 commentaires:

Monsieur l'adulte a dit…

Ya coluche qui disait:

''On croit que les rêves, c'est fait pour se réaliser. C'est ça, le problème des rêves : c'est que c'est fait pour être rêvé.''

Mais ceci dit, je suis tellement sur ta longueur d'onde que je crois qu'on est connectés ensemble dans une autre réalité ;)

Anonyme a dit…

contente de te retrouver. continue de nous faire explorer le sens et le non sens de la vie.

Anonyme a dit…

Continue de rêver, la Belle. Parce qu'en ce 30 septembre, il falait rêver. Je ferai de même.